Les photographies de mode autant que la mode disent beaucoup de la modernité du temps, de son état d’esprit, de celui de leurs auteurs aussi.
La vision de Peter Knapp sur la mode des années 1960-1970 convoque irrévocablement le pétillement et la joie de vivre. L’humeur est libre, alerte. Le regard se joue de la géométrie, de la ligne et de son époque, s’émancipe des codes et compose avec l’art contemporain. Formé à Zurich à la méthode et à la pensée du Bauhaus, Peter Knapp a été peintre et graphiste à ses débuts, et en lien constant avec les artistes, photographes ou cinéastes qui émergent durant ces années. Habillés en Courrèges, Cardin ou Ungaro, les mannequins se meuvent dans l’espace, bougent, lévitent. Les portraits d’Annie Duperey, de Dominique Sanda, de Jane Fonda ou de Mireille Darc s’immiscent. L’épure, la géométrie, le graphisme sont à l’œuvre chez ce grand maître de la couleur autant que du noir et blanc. La photographie est pensée à la fois comme une séquence d’un film et dans sa mise en page. Les années 1960-1970 choisies par les deux commissaires de l’exposition, François Cheval et Audrey Hoareau, le voient tour à tour directeur artistique de Elle (1959-1966), réalisateur pour l’émission Dim Dam Dom et collaborateur de Vogue Italie, puis de London Lifeà Londres et de Zeit Magazin en Allemagne. Les photographies inédites sont nombreuses, l’immersion immédiate. La scénographie comme la tonalité des photos font oublier l’ingratitude des espaces et la scission du propos en deux espaces distincts.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°712 du 1 mai 2018, avec le titre suivant : Y a d’la Joie !
