Le jour du vernissage de l’exposition « The New York Moment » organisée conjointement par le Musée d’art moderne et l’opéra de Saint-Étienne dans le cadre du festival « Nouveau siècle », quatre générations d’artistes new-yorkais, choisis parmi ceux que la scène compte de meilleurs, étaient en région Rhône-Alpes.
Figure historique de l’art contemporain, proche du minimalisme, le doyen Joel Shapiro (né en 1941) est venu en aîné installer sa série de « maisons » qu’il définit lui-même comme « une réorganisation de formes connues ». « Je n’invente pas, explique le sculpteur, je réutilise des formes existantes pour les réarranger, un peu comme un musicien. » Peut-on parler de style new-yorkais ? Shapiro répond tout de go : « Je ne le pense pas. Il faut se méfier de ce qui consisterait à dire : parce que cela vient de New York, “la merde” est transformée en “or” ! Certes, je travaille dans le contexte de cette ville, mais mon travail n’a pas de lien avec elle ou avec l’Amérique ; il a à voir avec la vie. Pour moi, la forme transforme la culture. » Sauf que, saluant son ami Peter Halley (né en 1953) qui a lui aussi fait le déplacement pour l’accrochage de ses peintures, Joel Shapiro n’hésite pas à dire : « Peter et moi sommes de vrais New-Yorkais ! Nous sommes une poignée de New-Yorkais authentiques, avec Alex Katz. » S’il n’existe pas un style, il existerait donc une appartenance, une communauté new- yorkaise ; sans doute celle-ci plane-t-elle d’ailleurs sur la musique de Philip Glass qui, dans la grande salle du musée, répète avec ses musiciens avant le concert programmé le soir du vernissage… « Glass a eu un impact important sur tous les plasticiens de mon époque », précise Shapiro, qui a été à son tour le point de départ de la peinture abstraite de Halley. Passage de relais : « J’ai découvert le travail de Joel dans les années 1970. Pour moi, c’était un défi lancé à l’idée que l’abstraction était hermétique », lance Peter Halley. La sienne, de grandes toiles géométriques aux couleurs acidulées, ne le seront donc pas davantage. Les rectangles sont autant de gratte-ciel vus en coupe, les lignes à angle droit, de grandes avenues… Quant à la toile, elle évoque les systèmes d’information et de télécommunications qui régissent le monde, à commencer par New York. Abstrait ? La question n’est plus d’actualité. Elle se situe davantage dans le recul critique et décomplexé des formes de l’histoire de l’art, ce que l’on retient par ailleurs de la plus jeune génération d’artistes venue clore cette exposition collective de New-Yorkais : Brian Bellot et ses « collages » empreints des formes du XXe ; Bea Camacho, qui ne craint pas de se réapproprier la performance qui rendit New York si vivante ; ou Taylor McKimens, qui a fait sien le travail de Basquiat et de Robert Crumb. Un vrai brassage new-yorkais.
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Abonnez-vous dès 1 €Musée d’art moderne Saint-Étienne métropole, rue Fernand-Léger, Saint-Étienne (42)
www.mam-st-etienne.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°666 du 1 mars 2014, avec le titre suivant : Voir New York, New York USA