BARCELONE / ESPAGNE
Le Musée national d’art de Catalogne présente une grande exposition sur la figure humaine dans l’art d’après-guerre.
Barcelone (Espagne). Comment les artistes ont fait face au traumatisme causé par la guerre civile espagnole et la Seconde Guerre mondiale ? C’est la question abordée par l’exposition « Quelle humanité ? La figure humaine après la guerre (1940-1966) », qui propose une critique humaniste des récits d’après-guerre, avec une sélection de plus de 90 peintures et sculptures.
Organisée selon des thématiques attendues pour traiter de l’après-guerre, la première partie de l’exposition évoque les camps d’extermination, l’impact de la guerre sur les artistes, la pression subie par les femmes après la guerre, et la religion, en particulier le thème de la crucifixion. La figure et la condition humaine sont dépeintes face à l’incertitude, aux échecs et aux espoirs suscités par la Seconde Guerre mondiale et son prologue local, la guerre civile espagnole. Cette exposition se démarque de la programmation souvent régionaliste du Musée national d’art de Catalogne (MNAC), en présentant de nombreux artistes internationaux du XXe siècle dont les travaux ont pertinemment servi le propos, comme les compositions religieuses de Bernard Buffet et Francis Bacon, aux figures à la fois angoissantes et captivantes, et des sculptures volontairement monstrueuses ou difformes d’Alberto Giacometti, Germaine Richier et Louise Bourgeois.
Les maîtres espagnols, incontournables, ne sont pas en reste, avec des œuvres de Pablo Picasso, Joan Miró, Antonio Saura, Antoni Tàpies et Julio González, avec sa célèbre Tête de Montserrat criant (1942), tous ayant largement traité des souffrances causées par la guerre.
Quelques surprises néanmoins sont à découvrir dans la seconde partie de l’exposition, qui se veut empreinte à la fois de nostalgie et d’espoir, abordant des thématiques telles que la maternité et l’émergence des nouveaux débats sociaux comme le féminisme et les décolonisations, par Niki de Saint Phalle, Karel Appel et Juana Francés.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°624 du 5 janvier 2024, avec le titre suivant : Voir les Stigmates des guerres passées