Voir le monde autrement

L’expression « vers d’autres mondes » qui est employée en sous-titre n’en révèle guère plus, sinon qu’elle instruit les termes d’un supposé poétique. Or, c’est bien ce qu’il en est, toutes pratiques et tous médiums confondus. Le rassemblement d’œuvres qu’a orchestré Gaëlle Rageot-Deshayes, qui dirige le Musée des Sables-d’Olonne depuis deux ans, envisage en effet « l’art, dilettante ou résistant, de capter le cours du monde pour le détourner vers d’autres réalités, alternatives et/ou symptomatiques de leur temps ».

Si les vidéos cultes de Nam June Paik – Buddha’s Catacomb (1983) – et de Fischli & Weiss – Le Cours des choses (1985-1987) – y font figure de références majeures, c’est qu’elles sont à la source de toute une production, vidéographique ou non, riche d’inventions plastiques, qui joue de sujets tant sociétaux que ludiques et « dessine de nouveaux chemins ou connecte de façon inédite les anciens » (G. R.-D.). Il n’est que de mentionner le grand œuvre d’Alexandre Singh – Assembly Instructions (2008) – dont le propos est une relecture de l’art, biaisée, savante et goulue, ou bien encore de se laisser emporter dans les volutes aériennes des bandes magnétiques de Zilvinas Kempinas maintenues en suspens dans l’espace par deux gros ventilateurs. À moins de leur préférer parmi d’autres le monde fictionnel, façon Guerre des étoiles, qu’a imaginé Richard Fauguet à partir de blisters récupérés en recourant à la technique du photogramme. Ou bien encore les Tirages numériques (2007-2009) de Vincent Mauger, qui témoigne ici avec une pièce déjà ancienne qu’il n’a décidément pas son pareil dans l’art du détournement et de la métamorphose. Éloge « du presque rien, du décalage et du pas de côté ».