Dès leur invention vers la fin du XVIIIe siècle, les papiers peints panoramiques transforment
les nouveaux salons bourgeois en espaces panoptiques ouverts sur une nature de préférence exotique. Au XIXe siècle, avec l’émergence d’une nouvelle classe d’entrepreneurs éclairés, l’espace intime devient le cadre d’une nouvelle esthétique. Comme le résume parfaitement Walter Benjamin : « Pour donner figure à son ambiance privée, l’homme d’affaires refoule société et travail. Ainsi naissent les fantasmagories de l’intérieur. Pour l’homme privé, cet intérieur représente l’univers.
Il y rassemble le passé et le lointain. Son salon est une loge au théâtre du monde ». L’extraordinaire engouement pour les papiers peints répond à cette profonde mutation de la sphère privée. Les thèmes les plus fréquents sont les paysages : jungles lointaines, paysages chinois ou américains. Les salons deviennent alors de véritables chambres avec vue. Avec le temps et l’apparition d’une industrie de l’impression, ses grands ensembles perdent un peu de leur magie. Les motifs se simplifient pour finalement se réduire à un ensemble de répétitions plus ornementales. Souvent disparus, les rares exemples qui existent sont aujourd’hui l’objet d’une spéculation effrénée. On ne peut donc que saluer l’actuelle exposition qui propose plusieurs exemples réalisés à différentes périodes en Europe et aux Etats-Unis. Présentés avec sobriété, ces merveilleux papiers peints
aux couleurs fraîches tracent une histoire encore méconnue : celle d’une époque où le salon organise
la vie et les rapports sociaux.
- NEW YORK, Cooper-Hewitt National Design Museum, 2 East 91 st Street, tél. 212 849 8404, 24 avril-14 octobre.
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Visions bucoliques sur papier peint
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°527 du 1 juin 2001, avec le titre suivant : Visions bucoliques sur papier peint