Dans une actualité fortement animée par la question européenne, il revient au nouveau directeur du musée d’Art moderne de Saint-Étienne, Lorand Hegyi – et à lui seul – d’avoir calé sa programmation de l’été par rapport à celle-ci. Le fait qu’il soit d’origine hongroise, qu’il ait dirigé le palais Liechtenstein de Vienne, qu’il ait travaillé à Naples, qu’il parle couramment quatre langues et qu’il n’arrête pas de voyager aux quatre coins de l’Europe n’est évidemment pas innocent d’un tel choix. Mais c’est surtout ce que la situation laisse entrevoir d’une dynamique renouvelée entre des horizons et des cultures trop longtemps écartés qui l’a vraiment motivé. Intitulée « Passage d’Europe », l’exposition qu’il présente cet été et qui fait se côtoyer langages et visions du monde d’artistes issus d’Europe orientale et centrale vise à opérer une ouverture vers l’Europe nouvelle. Composée en cinq chapitres, elle rend tout d’abord Hommage à certains artistes aînés – comme Opalka, Hantaï, Kolar ou Knifer – qui ont contribué à initier une circulation des idées et qui ont jeté les bases d’une Europe des cultures et de l’échange. Elle se poursuit sur les thèmes du Carrefour et du Nomade – avec Dimitrijevic, Sala, Dokoupil, Jokanovic, Abramovic notamment – s’appliquant à mettre en exergue toute une production d’œuvres dont les contenus, aussi divers soient-ils, sanctionnent ce qu’il en a été de ces mouvements au cours des vingt dernières années. Enfin, autour des thématiques d’Insula et de Discours, Lorand Hegyi a réuni les travaux d’artistes moins familiers ; tous sont portés par une même dynamique de communication – comme le travail d’Alexandre Ponomarev (cf. L’Œil, n° 547) – et caractérisés par leur refus de toute frontière et de toute limite quelles qu’elles soient. Si « cette exposition est une tentative, une modeste contribution à la construction de cette nouvelle vision de l’Europe », dixit Lorand Hegyi, elle n’en est pas moins constituée d’œuvres dont la diversité est le reflet de celle de la culture européenne. En fait, « Passage d’Europe » n’est autre que l’illustration de la dialectique de la nouvelle Europe fondée sur le principe de l’unité dans la diversité. Un défi d’identité à la mesure de l’histoire.
« Passage d’Europe », SAINT-ÉTIENNE (42), musée d’Art moderne, La Terrasse, tél. 04 77 79 52 52, 15 mai-5 septembre.
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Visages de la nouvelle Europe
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°560 du 1 juillet 2004, avec le titre suivant : Visages de la nouvelle Europe