Vincent Van Gogh

Par Colin Lemoine · L'ŒIL

Le 29 septembre 2008 - 315 mots

L’histoire de l’art ne saurait être une science exacte. À cet égard, l’œuvre de Vincent Van Gogh (1853-1890) constitue une sinusoïde d’autant plus fascinante qu’elle déroute les abscisses et les ordonnées de la discipline.

Une exception qui est la règle. En laboratoire inaltérable, l’Albertina de Vienne a convoqué les meilleurs algébristes et cent cinquante pièces pour résoudre une équation à plusieurs inconnues.
L’énoncé du problème tient en quelques mots : quel dialogue le dessin et la peinture entretiennent-ils dans la création du Hollandais  ? L’argumentation, quant à elle, est tout aussi limpide : les deux pratiques s’irriguent avec une science ineffable sans que jamais l’une ne prenne le pas sur l’autre. Théorie lumineuse des vases communicants.
À la faveur d’une scénographie ambitieuse permettant aux œuvres de s’éclairer les unes les autres, l’exposition interroge les quatre dernières années de la production de Van Gogh. Étayée par un catalogue riche des plus remarquables reproductions jamais réalisées d’une œuvre protéiforme, cette radiographie éclaire la vocation du dessin auquel l’artiste affecte des assignations variables : étude académique, esquisse préparatoire, œuvre autonome ou recomposition de la peinture. Si certaines vues presque photographiques de Paris évoquent une passion originelle pour l’illustration, les fantaisies en Arles ou aux Saintes-Maries-de-la-Mer attestent l’ascendance du cloisonnisme, du japonisme ou encore de la manière hollandaise.
Encre, aquarelle, roseau, pinceau, couleur, noir et blanc : les techniques, bientôt, s’apparentent toutes. L’huile pâteuse dessine des nuages hallucinés, et le trait hachuré dépeint des couleurs absentes. Synesthésie merveilleuse où le dessin et la peinture ne sont plus distincts que par le mot qui nous aide encore à les désigner. Devenus chefs-d’œuvre, ils sont au-delà, et ailleurs. Et, pour un temps, à l’Albertina, lors de la 462e exposition de l’institution. Sans doute l’une des plus belles et des plus exactes.

Voir

« Vincent Van Gogh : tableaux dessinés », Albertina, Albertinaplatz, 1 (1er arrondissement), Vienne (Autriche), www.albertina.at, jusqu’au 8 décembre 2008.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°606 du 1 octobre 2008, avec le titre suivant : Vincent Van Gogh

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