Victor Hugo et l’autoportrait photographié

Peu enclin à poser pour les peintres et les sculpteurs – il refusera de le faire pour Rodin en 1883 –, Victor Hugo se prête volontiers au jeu du portrait photographique, avec un goût prononcé pour la mise en scène. Cette exposition, qui parcourt l’histoire de l’autoportrait photographié en une centaine d’œuvres, s’ouvre avec un ensemble de clichés à l’effigie du poète, notamment ceux réalisés pendant son exil à Jersey, entre 1852 et 1855 – après le coup d’État de Napoléon III – par son fils Charles et Auguste Vacquerie. Il est fort probable que Victor Hugo ait lui-même choisi les poses, ait donné son avis sur les cadrages. Ces photographies sont pour lui un moyen de ne pas se faire oublier en France (Victus sed Victor d’Auguste Vacquerie, où il pose en exilé). Conçue par Quentin Bajac – conservateur au Centre Pompidou – et Denis Canguilhem – délégué artistique du Mois de la photo à Paris 2004 –, l’exposition offre ensuite un vaste panorama d’autoportraits de photographes célèbres (Nadar et son Autoportrait à la lampe électrique, Bayard...) ou amateurs, depuis les débuts de la photographie jusqu’aux quinze premières années du XXe siècle. La photographie connaît rapidement un engouement populaire, particulièrement par le biais du portrait. La dernière section du parcours rend compte de cet aspect avec une trentaine d’autoportraits plus ludiques, nés de « ratages » en tout genre qui ont donné lieu à d’étonnants effets optiques, mais aussi à des mises en scène – celles d’Olympe Aguado dans les années 1860 – et des montages, portraits-charges et caricatures.