Marc Pessin fait partie de ces artistes qui aiment à refaire le monde. Non pas à découvrir de vraies villes disparues tel un archéologue, mais plutôt à inventer de toutes pièces des civilisations. Un peu comme la démarche qui avait rendu célèbres Anne et Patrick Poirier avec leurs villes en ruine. Le point de départ de Marc Pessin est un système d’écriture imaginaire constitué de 1 200 signes gravés qu’il décline sur divers supports : papier, tissus, céramique, etc. Pierres gravées, sceaux, monnaies, rouleaux, tablettes, empreintes, fragments d’os et d’ivoires constituent les archives de ce monde n’existant que par ses (fausses) traces et dédié à une mémoire fictive. Comme les Poirier, l’artiste fait semblant d’avoir exploré et collecté des « restes » (mais ici ce sont des fragments d’écrits dans une écriture inventée), qu’il classe, collectionne, conserve, accumule et juxtapose comme le font tous les vrais savants du monde. Graveur avant tout, Pessin positionne son travail entre artisanat et art conceptuel : « Je me sers d’outils qui m’obligent à ne pas faire n’importe quoi, n’importe où. C’est l’outil qui dicte mon langage. » La calligraphie de cette « écriture pessinoise » est estampée en creux et en relief et se présente comme des idéogrammes, rehaussés parfois de couleurs, d’or ou d’argent. On pense aussi, en plus de l’archéologie fictive comme source, à un travail méthodique sur la mémoire proche à la fois de celui des photographes allemands, les Becher, et de celui de Boltanski.
RIOM, Musée Mandet, jusqu’au 26 novembre.
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Vestiges ou vertiges ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°519 du 1 septembre 2000, avec le titre suivant : Vestiges ou vertiges ?