Monumentale, la peinture murale qu’a réalisée Fabien Verschaere à l’occasion de l’inauguration du « Palais de Tokyo, site de création contemporaine » n’est pas passée inaperçue. Faite d’une multitude de « signes-dessins » se découpant en traits noirs sur le fond blanc de la cimaise, elle dévoilait un monde insensé, animé de scènes étranges plus ou moins oniriques et peuplé d’êtres fantasmagoriques. L’artiste s’y révélait doué d’un rare talent de dessinateur et d’une imagination puissamment singulière, mêlant thèmes universels et obsessions personnelles dans une composition dont l’ampleur relevait du défi. Il faut dire que, haut comme trois pommes, Fabien Verschaere, né en 1975, n’est pas un artiste comme les autres. Contraint de passer ses journées jusqu’à l’âge de quinze ans dans un hôpital pour enfants malades, il y a consacré le plus clair de son temps à dessiner, développant un imaginaire cynique et s’inventant toute une mythologie particulière que l’artiste ne cesse de reverser notamment dans une production volontiers boulimique d’aquarelles. Invité en résidence l’an passé à Chinon, il en a réalisé pas moins de quatre cents aquarelles composant une véritable fresque à mi-chemin entre Jérôme Bosch et Fabrice Hybert. L’exposition que lui consacre le Centre de création contemporaine de Tours est l’occasion pour lui de quitter le support papier et de s’en prendre à nouveau au mur, jouant de toutes sortes de déclinaisons plastiques. Sur les cimaises de l’une des salles du centre d’art dont il a occupé la totalité des surfaces, Verschaere a littéralement reporté certaines de ses figures en les organisant dans une composition dont la structure rappelle celle des studiolo de la Renaissance. Dans une autre, au contraire, il n’a dessiné que quelques figures qui émergent du mur et semblent flotter en surface, tandis que dans une troisième pièce, il en a développé toute une frise sur fond jaune qui ceinture l’espace. Au souvenir enfin d’un voyage à Kinshasa, Fabien Verschaere a réalisé une installation faite de sculptures et d’une projection photos au sujet autobiographique opérant le télescopage non seulement entre deux cultures mais entre deux expériences – Chinon et l’Afrique – fondamentalement antagonistes.
- TOURS, Centre de création contemporaine, 55, rue Marcel-Tribut, tél. 02 47 66 50 00, 30 novembre-23 février ; - à voir aussi : PARIS, galerie Michel Rein, 42, rue de Turenne, IIIe, tél. 01 42 72 68 13, 24 janvier-8 mars.
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Verschaere, le fou de dessin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°544 du 1 février 2003, avec le titre suivant : Verschaere, le fou de dessin