ROUEN
Depuis le XIXe siècle, Varengeville est une terre artistique où de très nombreux peintres se sont succédé : Corot, Isabey, Monet, une terre aux paysages magnifiques située au nord du Havre que Georges Braque connaît bien, car, comme Monet, il y a grandi.
Il y retourne souvent, comme en témoignent les paysages de la côte de Grâce qui précèdent sa période cubiste. En 1931, il y fait construire une maison près de son ami l’architecte Paul Nelson. Là, il reprend des paysages naturalistes abandonnés pendant sa période cubiste. La première salle représente les différents styles explorés par Braque dans une période restreinte : un Nu couché et une Grande Nature morte (inspirés du surréalisme et du biomorphisme), La Nappe rouge (rappelant Matisse) et deux toiles cloisonnées renvoyant aux plâtres gravés situés dans l’espace suivant, deux magnifiques dalles aux fines incisions et aux enchevêtrements libres prêtées par la Fondation Maeght. La galerie de photos montre comment autour de Braque s’est formée une colonie d’artistes à Varengeville, notamment durant l’été 1937, où Miró peint sa première composition monumentale intitulée Le Faucheur (disparue) pour le Pavillon de la République à l’Exposition universelle, et où Calder conçoit sa Fontaine au mercure produite dans l’atelier de Nelson. Cette suspension de Calder montrée dans l’exposition fut également réalisée à Varengeville et offerte à Braque. L’année suivante, Miró peindra à même le mur du salon des Nelson une fresque de 6 m de long intitulée Naissance du dauphin. L’exposition du Musée des beaux-arts de Rouen relate un moment, dans une période de grande tension historique, où ces artistes venus de toute l’Europe se retrouvent à Varengeville, un moment en apesanteur, empreint de plénitude.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°725 du 1 juillet 2019, avec le titre suivant : À Varengeville, histoire d’une amitié artistique