Vallauris - Soleil levant

D’où le revirement opéré depuis 2006 : bien qu’adossé à une longue tradition des arts du feu et au prestige de ceux qui, au XXe siècle, ont « fait » Vallauris (la famille Massier, Chagall, Picasso…), l’événement marque désormais la volonté de s’aboucher avec l’art contemporain.
Premier signe de cette ouverture : la part faite aux œuvres produites en dehors de toute fonctionnalité. Si le design reste au cœur de la programmation – témoin, l’exposition orchestrée par Victoria Wilmotte autour de l’objet usuel (arts de la table chez Pool, carreaux chez Fabien Cappello, etc.) –, la biennale s’attache aussi à refléter le regain d’intérêt des plasticiens pour les arts du feu. À la chapelle de la Miséricorde, « 1,2,3… l’espace » rassemble ainsi les œuvres (pour certaines inédites) de Forrest Myers, Shigeki Hayashi, Michel Gouéry ou Maarten Stuer autour des relations entre céramique, art contemporain et univers spatial.

Quant au concours de la biennale, il récompense non seulement les recherches autour du contenant et du design, mais aussi les travaux de nature architecturale, sculpturale ou conceptuelle. Ses lauréats sont jeunes et audacieux, s’appellent Monika Patuszynska, Claire Baudrimont, Pierre-Yves Le Sonn ou Élisabeth Brillet et poussent la céramique bien au-delà de sa vocation usuelle ou décorative.
Soucieuse de mettre en question le répertoire de la production vallaurienne, la biennale se confronte également à d’autres traditions. Après la Suisse en 2008 et les États-Unis en 2010, elle s’ouvre cette année à un pays dont les porcelaines comptent parmi les plus belles au monde : le Japon. De Fukami Sueharu à Harumi Nakashima, les artistes invités ont pour trait commun de questionner la transformation – à commencer par celle qui affecte et module la matière dans les arts du feu. Plus largement, cette thématique offre d’interroger l’avenir de la céramique et son statut hybride entre tradition et renouveau, design et art contemporain.