PARIS
Elle voulait être acrobate, elle deviendra peintre. Suzanne Valadon, née Marie-Clémentine en 1865, pose pour les peintres parisiens dès l’âge de 15 ans : Puvis de Chavanne, Renoir, Toulouse-Lautrec, Modigliani…
Une manière de gagner sa vie et son indépendance mais surtout d’apprendre. Elle se consacre d’abord au dessin, la base d’un apprentissage solide. Aux côtés de Degas, elle poursuit avec la gravure, par laquelle elle représente de nombreuses scènes de bain, chères au maître. Son premier portrait peint est consacré à Erik Satie : là, la touche fauve est indéniable, les couleurs éclatent et animent le visage du compositeur. Valadon plonge dans le milieu artistique montmartrois pour en devenir une figure incontournable à la veille des années 1930. En 1912, elle s’installe avec son fils Maurice Utrillo au 12, rue Cortot, devenu aujourd’hui le Musée de Montmartre.
L’exposition s’articule autour de leur appartement et de l’atelier, qu’elle partage également avec son futur mari, André Utter. Cette période signale un changement de dimension dans l’art de Valadon. En 1909, année de la rencontre avec Utter, elle prend celui-ci pour modèle dans Adam et Ève où elle se met en scène à son bras. Les corps grandeur nature esquissent un mouvement dynamique renforcé par le cerne noir épais. Monumentalité et dynamisme sont plus éclatants encore dans Le Lancement du filet, peint en 1914, dans lequel Utter est représenté trois fois comme les trois étapes du lancer, dans un déploiement de son corps cette fois plus grand que nature.
En dehors des scènes intérieures et des natures mortes, motifs « féminins » par excellence, Valadon s’attaque donc aux sujets classiques de l’histoire de l’art dont les dimensions donnent l’importance. On peut noter le beau prêt du Petit Palais de Genève, Le Nu au canapé rouge. Là encore, le corps est monumental, le cerne épais, le vert et le rose font vibrer le corps, et le rouge aux denses motifs rappelle sans équivoque Matisse et sa Chambre rouge (1908). L’étage est consacré dans une moindre mesure à Utrillo et à Utter. Mais c’est bel et bien Valadon, le chef de file de ce trio infernal, qui vécut ici jusqu’en 1926.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Valadon, Utrillo et Utter : le trio infernal
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Musée de Montmartre, 12, rue Cortot, Paris-18e, www.museedemontmartre.fr
Légende Photo :
Suzanne VALADON, Adam et Ève, 1909, Huile sur toile, Paris, Centre Pompidou – MNAM / CCI © Jacqueline Hyde
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°685 du 1 décembre 2015, avec le titre suivant : Valadon, Utrillo et Utter : le trio infernal