Courbet doit sa place éminente dans l’histoire de l’art à ses frasques politiques et à sa défense de l’esthétique réaliste. Pourtant, au regard de l’œuvre du peintre en général, on est stupéfait par l’écrasante proportion de sujets « sages ». Parmi les thématiques favorites de Courbet, on retrouve ainsi les marines normandes, autour desquelles Annette Haudiquet a conçu une très intelligente double exposition. Cette manifestation permet au musée André Malraux de valoriser pleinement sa récente acquisition de La Vague que Courbet peignit à Étretat en 1869. Elle interroge d’abord les sources de la période normande du maître d’Ornans, à travers l’évocation des Hollandais et des romantiques, mais aussi à travers les débuts de la photographie. Les clichés de Gustave Le Gray, à la pointe de la technique, se révélèrent ainsi très importants dans la perception plastique des éléments marins et, en particulier, des vagues. Ce n’est cependant pas tant l’influence des huiles pâteuses de Courbet que celle des estampes japonaises, épurées et presque évanescentes, qui va faire office de révolution dans les beaux-arts. Or, cette découverte de nouvelles images du « monde flottant », signées Hokusai ou Hiroshige, commence précisément avec l’ère Meiji, en 1869...
Une coïncidence historique assez extraordinaire que signale fort judicieusement cette exposition. Celle-ci voit donc graviter, autour du chef-d’œuvre que le musée du Havre vient d’acquérir, des pièces d’une grande diversité iconographique. Mais il faut noter qu’à ce premier volet succèdera un second, intitulé « Vagues II, hommages et digressions ». Il aura pour objet la postérité et la modernité de l’œuvre du maître du réalisme. Il s’agira d’un versant contemporain indispensable pour mesurer le perpétuel reflux de l’esthétique de Courbet. Celle-là qui, depuis plus d’un siècle, n’a jamais cessé d’inspirer les avant-gardes sous des centaines de formes différentes.
« Vagues I, autour des Paysages de mer de Gustave Courbet », 13 mars-6 juin, « Vagues II, hommages et digressions », 26 juin-27 septembre, LE HAVRE (76), musée André Malraux, 2 boulevard Clemenceau, tél. 02 35 19 62 62.
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Vagues à l’âme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°557 du 1 avril 2004, avec le titre suivant : Vagues à l’âme