L’exposition est la première que la France consacre à Corinth dont le 150e anniversaire de la naissance est le prétexte historiographique providentiel.
Aussi le musée d’Orsay, associé au Museum der Bildenden Künste de Leipzig et au Kunstforum Ostdeutsche Galerie de Ratisbonne, s’emploie-t-il à une investigation subtile dont certaines des manifestations passées ont montré l’efficience : présenter la création d’un artiste méconnu en France…
Démonstration ambitieuse
Protéiforme, l’œuvre de Corinth récuse toute chronologie. Tantôt sérielle, tantôt heurtée, elle ne saurait se satisfaire d’une analyse diachronique qui altérerait sa force. Le commissariat général de l’exposition, assuré par Serge Lemoine, l’ancien président d’Orsay, a donc plébiscité un développement thématique dont chaque séquence rend justice à une production inclassable traversée par la permanence des genres académiques. La succession de carnations féminines se clôt ainsi sur un Bœuf abattu à l’abattoir (1905) animé d’une palpitation charnue, si ce n’est charnelle et sensuelle.
Si la scénographie est volontairement discrète et s’autorise quelques licences chromatiques susceptibles d’exacerber celles du peintre, le catalogue complète doctement un parcours magistral où les quelque quatre-vingts peintures alternent avec des alcôves qui, consacrées aux arts graphiques, constituent des haltes plus confidentielles. Nul n’est prophète en son pays, mais une chose est certaine : cette exposition fait déjà date…
La dette de Lovis Corinth à l’égard de la tradition.
L’artiste n’a de cesse d’explorer des thèmes traditionnels, mythologiques, religieux ou allégoriques. En ce sens, il participe d’un certain académisme iconographique qu’il aime à court-circuiter. Par ailleurs, sa passion pour Frans Hals est sensible dans la nervosité de certains empâtements quand celle pour Rembrandt transpire dans ses autoportraits.
Un peintre sans étiquette.
Nulle étiquette ne saurait caractériser la production de Corinth. Formé à l’académisme le plus strict, influencé par le naturalisme, attentif à l’idéalisme, il digère ces ascendances pour composer une grammaire singulière dont seules des séquences thématiques restituent la complexité déroutante.
Sa résonnance dans l’art actuel.
Elle est remarquable, depuis l’expressionnisme d’un Kirchner et les déformations d’un Grosz jusqu’aux œuvres plus récentes de Baselitz, Lüpertz ou de Kooning. Par ailleurs, une œuvre splendide d’Anselm Kiefer, réalisée pour l’occasion, vient rendre hommage à Corinth.
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Une première en France
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°603 du 1 juin 2008, avec le titre suivant : Une première en France