Sous la direction de Paul Aron et Stefania Krzystofowicz-Kozakowska, l’exposition consacrée à la \"Jeune Pologne\" offre un premier panorama d’un des cercles fin de siècle les plus riches.
BRUXELLES (de notre correspondant). Les deux commissaires ont sans doute mal choisi le titre d’une exposition au demeurant remarquable. Cette présentation de l’Art nouveau polonais laisse peu de place – fragilité et valeurs d’assurance obligent – aux arts décoratifs qui, en Pologne comme dans la majorité des centres culturels de l’Europe centrale, constituent l’un des lieux privilégiés de l’imaginaire fin de siècle, qu’il s’agisse de la céramique, du verre, du mobilier ou, tout particulièrement en Pologne, du vitrail. En se concentrant sur la peinture, l’exposition met en évidence la caisse de résonance que constitue la "Jeune Pologne". Chaînon actif des sécessions qui, en France comme en Belgique, revendiquent une même "jeunesse, le mouvement polonais réceptionne simultanément les divers formes de la modernité : Impressionnisme, Symbolisme, Synthétisme, Néo-impressionnisme se conjuguent et se mêlent. En voulant affirmer l’originalité du mouvement polonais, les auteurs l’ancrent plus profondément dans son appartenance à l’Europe centrale. Cracovie et Lwow ne diffèrent pas de Budapest ou de Prague. On y retrouve la même incidence de l’histoire sur une conscience nationale réprimée. On y rencontre le même sentiment crépusculaire et les mêmes incertitudes quant au devenir de l’homme aux prises avec le monde et avec sa conscience. La Pologne s’illustre sans doute par son pessimisme. À tel point que la fin de siècle a été interprétée comme "une longue poussée de tristesse". L’exposition retrace donc l’émergence d’une jeune génération de patriotes polonais pour lesquels l’indépendance de leur nation passait par une prise de conscience culturelle et intellectuelle. Interrogations et revendications se rejoignent dans une peinture qui manifeste un état – que penser de la modernité et quelle place y tient l’homme ? – et des exigences – l’identité polonaise à travers l’art – parfois antagonistes. Dans ce contexte, la musique joue un rôle déterminant, tant la tradition se révèle riche et l’héritage romantique vivace. La musique de Wieniawski et de Zarebski, diffusée dans l’exposition, en témoigne et donne aux peintures de Krzyzanowski, Malczewski, Mehoffern, Pankiewics, Stanislawski, Wyspianski (trop peu nombreuses) ou Wojtkiewicz une dimension supplémentaire.
ART NOUVEAU POLONAIS, jusqu’au 15 juin, Galerie du Crédit communal, Bruxelles, tlj sauf lundi et JF 11h-18h, entrée libre. Catalogue 160 p., 1 250 FB.
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Une Pologne fin de siècle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°38 du 16 mai 1997, avec le titre suivant : Une Pologne fin de siècle