Une nouvelle génération sous le signe de l’hybridité

Si l’exercice, à savoir concevoir une exposition à partir des travaux d’une promotion entière, est périlleux, la commissaire a su tisser des liens entre des pratiques diverses pour construire une proposition cohérente. Évidemment inégales, les œuvres de ces 19 artistes dévoilent « une beauté qui s’agite » dans un parcours où de multiples résonances se tissent harmonieusement. Ainsi se dégagent les thèmes, préoccupations et formes plastiques d’une nouvelle génération de plasticiens. Les questionnements liés à la fluidité de l’identité – de genre, de classe, de race – sont omniprésents, tout comme les réflexions sur les nouvelles technologies, le soin ou notre rapport au non-humain. Le titre de l’exposition, tiré du livre Les Argonautes,écrit par l’autrice et universitaire américaine Maggie Nelson, est volontairement ouvert. L’univocité et la binarité n’ont plus leur place dans la création émergente. Celle-ci est profondément hybride, polysémique, performative et collaborative. Ancrée dans le réel également, en ce qu’elle s’intéresse aux mécanismes complexes qui régissent nos sociétés, nos identités, nos rapports humains, notre être au monde, en somme. La Villa Arson présente également deux très belles expositions personnelles d’anciennes étudiantes, dont les thématiques font écho à « Construire sa prétendue ». Ainsi, ne manquez pas de traverser le Jardin des allégories de Beatrice Celli (diplômée en 2019), ainsi que de pénétrer dans la galerie carrée au cœur de l’univers délicieusement corrosif de Julie Béna (diplômée en 2007).