La langue aurait-elle ses préférences géographiques ? En matière d’imagerie populaire, on parle d’images d’Épinal mais on ne dit rien, sinon pas grand-chose, de celles d’Orléans, de Chartres, de Beauvais ou du Mans. Pourtant, entre la moitié du XVIIe et celle du XIXe siècle, ce furent là des centres de création parmi les plus actifs de France, bien plus que celui d’Épinal qui ne connut un vrai succès qu’après l’Empire. Dévolu à la production d’images destinées à orner un mur, un fond de meuble ou un rabat de cheminée, cet art de l’imagerie populaire est fort mal connu, d’autant qu’il est tenu pour mineur. Il ne manque toutefois pas d’intérêt plastique et participe, par son statut décoratif, à la diffusion d’une iconographie très éclectique allant de la dévotion traditionnelle au fait divers. À Orléans, il rencontre très tôt un succès considérable instaurant une puissante tradition que de nombreuses dynasties d’artistes imagiers contribuent à entretenir, parmi lesquels figurent les Le Blond,
les Letourmy, les Feuillâtre et les Perdoux. La qualité graphique des gravures sur bois de fil que produit le centre orléanais lui permet d’asseoir sa réputation tout au long du XVIIIe et de gagner en diffusion dans toute la France de l’Ouest et du Nord. Si, au moment de la Révolution, toute une imagerie politique fut reprise par les ateliers d’Orléans, répandant dans les campagnes figures et symboles du temps, la modernisation de l’imprimerie au début du XIXe eut finalement raison de leur succès. Au rappel d’un passé qui a contribué à la notoriété artistique de la ville, l’exposition du musée des Beaux-Arts d’Orléans nous invite à découvrir une forme de « pop art » du temps jadis.
« L’imagerie populaire d’Orléans », ORLÉANS (45), musée des Beaux-Arts, place Sainte-Croix, tél. 02 38 79 21 55, 20 septembre-11 décembre.
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Une imagerie « pop » méconnue
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°574 du 1 novembre 2005, avec le titre suivant : Une imagerie « pop » méconnue