BORDEAUX
S’il est un objet qui fait foncièrement partie de l’identité culturelle du pays du Soleil-Levant, c’est bien le chōchin, cette lanterne faite d’une structure en bambou et habillée de papier translucide, principalement de l’écorce de mûrier.
Le Musée des arts décoratifs de Bordeaux en rassemble actuellement quelques dizaines pour dessiner, en trois chapitres succincts, une brève histoire de ce mode d’éclairage. La première section concerne les prémices dudit luminaire, à travers une douzaine de spécimens datant de l’époque Edo (1603-1868), issus du Musée de la lumière de Nagano, lesquels permettent notamment de différencier le chōchin (luminaire d’extérieur avec poignée, dont on use pour éclairer son chemin) du andon (luminaire d’intérieur). Ceux-ci sont rehaussés par une série d’estampes du XIXe siècle, puis de photographies de la même époque. Le deuxième volet, lui, se concentre sur l’action décisive de l’artiste américain Isamu Noguchi qui, de passage au Japon, en 1951, est missionné par le maire de Gifu, l’un des lieux phares de la production de lanternes en papier, pour redonner un nouveau souffle à cette « industrie » alors en déclin. Noguchi imaginera alors ses fameuses lampes Akari (« lumière » en japonais), dont le succès sera immédiat et planétaire. On peut voir, ici, brevets, dessins techniques, photographies d’époque dont de nombreuses réalisées pour L’Œil, ainsi qu’un grand nombre de modèles, sachant qu’une centaine sont, aujourd’hui encore, toujours commercialisés. Le troisième et dernier chapitre, enfin, suggère la création contemporaine avec une poignée d’interventions de designers actuels comme Jasper Morrison, qui, en 2005, a conçu une amusante collection de lampes-champignons, baptisée The Porcini Family.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°721 du 1 mars 2019, avec le titre suivant : Une brève histoire des lanternes nippones