« Barbares, naturels, primitifs, nègres », les fluctuations du vocabulaire reflètent, plus que tout long discours, le regard entaché d’incompréhension voire d’horreur que l’homme occidental porta sur l’Autre. Un Autre tour à tour dompté, dominé, classé, étudié, puis peu à peu magnifié par la grâce des artistes, trop heureux de frotter leur œil à des formes nouvelles comme à des modèles inédits.
C’est l’histoire de cette fascination que brosse avec brio la foisonnante exposition-manifeste du musée du Quai Branly, gigantesque cabinet de curiosités en même temps que fabuleuse machine à remonter le temps. Car que devine-t-on, en déambulant dans ces forêts d’armes et de trophées, ces statues hérissées de clous ou ces cornes de rhinocéros finement sculptées, si ce n’est l’aura, nimbée de mystère, qui flotta très tôt sur tous ces objets. De même, comment ne pas être saisi d’admiration devant ce portrait d’une jeune Eskimo du xviiie siècle dont la grâce le dispute à la dignité. Comme le plus poignant désaveu de toutes les théories raciales en devenir ?
Balayant bien des clichés, l’exposition conçue par Yves Le Fur constitue ainsi la meilleure introduction à la visite du musée, dernier « avatar » de ces fluctuations du regard et du goût…
« D’un regard l’autre, une histoire des regards européens sur l’Afrique, l’Amérique et l’Océanie », musée du Quai Branly, Galerie Jardin, 218, rue de l’Université ou 37, quai Branly, Paris VIIe, tél. 01 56 61 70 00, www.quaibranly.fr, jusqu’au 21 janvier 2007.
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Un regard différent porté sur l’« Autre »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°587 du 1 janvier 2007, avec le titre suivant : Un regard différent porté sur l’« Autre »