Les écrivains Dostoïevski et Huysmans vinrent au Kunstmuseum pour y admirer la collection d’Holbein. Parmi la vingtaine de tableaux qui appartiennent au musée, deux d’entre eux font l’unanimité : Le Christ au tombeau (1521) et le Portrait de l’épouse du peintre et de ses deux aînés (1528).
Un Christ trop humain ?
Le premier offre une vision saisissante de la mort. Ce corps sans vie, aux chairs verdies, n’est pas sans rappeler le célèbre Christ mort peint par Andrea Mantegna. Le cadrage oblong referme la vision sur l’espace d’un sarcophage.
Dostoïevski, saisi par ce tableau, en fit une longue description dans L’Idiot (1869), venant à poser la question de l’existence de Dieu : « Ceux qui croient en lui et le tiennent pour le fils de Dieu voient un tel cadavre (et il a sûrement dû être exactement comme cela), peuvent-ils encore penser, face à une telle image, que ce martyr ressuscitera un jour ? ».
Une composition de Vinci
Pour Huysmans, c’est le Portrait de l’épouse du peintre et de ses deux aînés, « avec cet air navré de femme », qui est le chef-d’œuvre de cet ensemble. Réalisé au cours de son bref retour à Bâle, ce portrait illustre parfaitement la capacité d’Holbein à synthétiser le réalisme flamand et la composition classique italienne, adoptant ici la forme pyramidale de Léonard de Vinci.
Un même syncrétisme se retrouve dans une autre peinture phare de cette période bâloise, moins connue car conservée en Allemagne, à Darmstadt, mais qui fait l’objet d’un prêt exceptionnel : La Vierge avec la famille du bourgmestre Meyer (1526). Là encore, les donateurs sont représentés dans un cadre d’architecture italianisante et encadrent une Vierge d’une beauté transalpine.
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Un réalisme septentrional mis en scène par des compositions italiennes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°580 du 1 mai 2006, avec le titre suivant : Un réalisme septentrional mis en scène par des compositions italiennes