Rien n’est plus exaltant que de déterrer une magnifique broche mérovingienne en or et pierres précieuses.
Et pourtant l’archéologue sera tout autant passionné par la découverte d’un sol noir et de quelques objets carbonisés, indices infimes mais révélateurs d’un violent incendie qui a bouleversé la vie du lieu. Broche en or et bois brûlé : un même trésor archéologique pour lui. C’est ce que nous dit en substance l’exposition du Musée royal de Mariemont, lové dans un charmant domaine arboré, au cœur de la Wallonie. L’archéologue récolte non seulement de beaux objets qui garniront les vitrines des musées, mais également des données de terrain (pollens, traces d’animaux, types de sol) indispensables à la compréhension du lieu et de son histoire… mais bien souvent illisibles pour le grand public. Le musée belge fait ici un véritable effort de médiation en ouvrant le parcours chronologique classique sur des échappées pédagogiques. L’une d’elle est un laboratoire factice pour expliquer les étapes de la recherche qui suit la fouille. Le dispositif est complété d’interviews de spécialistes intervenant aux côtés des archéologues, aux champs d’étude parfois insoupçonnables : pétrographie (étude des roches), palynologie (étude des pollens), anthracologie (étude des charbons de bois). L’exposition est également un vif plaidoyer pour un croisement de l’archéologie, de l’histoire et de l’histoire de l’art, domaines aujourd’hui encore trop distincts dans l’enseignement et la recherche. L’étude de la ville de Charleroi en est une brillante démonstration. Sa première forteresse construite par les Espagnols est connue par un document de 1666, mais aucun vestige n’a été retrouvé jusqu’alors. En retour, les tracés des forteresses ultérieures qui ont été reconstitués à partir d’archives et de plans par des historiens ont été modifiés par les archéologues grâce aux découvertes de terrain. En avant-propos du catalogue, l’historien Alain Dierkens pose les conditions de cette indispensable rencontre entre les disciplines.
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Un plaidoyer pour l’archéologie
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Abonnez-vous dès 1 €Musée royal de Mariemont, chaussée de Mariemont, Morlanwelz (Belgique), www.musee-mariemont.be
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°670 du 1 juillet 2014, avec le titre suivant : Un plaidoyer pour l’archéologie