Organisant la première exposition monographique jamais consacrée à Vittorio Amadeo Cignaroli, la Fondation Accorsi expose une cinquantaine de tableaux inédits de ce paysagiste piémontais du XVIIIe siècle, remis à l’honneur dans les années 1960.
TURIN (de notre correspondante) - Fortement ancré dans le conservatisme et le traditionalisme qui caractérisent encore aujourd’hui la maison de Savoie, Vittorio Amadeo Cignaroli (1730-1800) a perpétué, au-delà de la moitié du XVIIIe siècle, la tradition du paysagisme arcadien alors que le goût néoclassique gagnait Rome et la France. Fils de Scipione Cignaroli, peintre de paysages à la cour qui a travaillé dès les années 1720 pour Rivoli, Venaria et son palais royal, Vittorio Amadeo Cignaroli a été présenté à la cour comme paysagiste en 1749, année de sa première œuvre documentée. Outre des toiles destinées à orner les boiseries et les dessus-de-porte de Venaria et de Stupinigi, il a également réalisé des œuvres variées pour des commandes privées, dont plus de quatre-vingt-dix sont réunies à Turin dans le cadre de l’exposition “Vittorio Amadeo Cignaroli. Un paysagiste à la cour de Savoie et son époque”. Entré dans l’histoire de l’art à partir de 1963, avec nombre d’artistes, au cours de la grande rétrospective consacrée au Baroque piémontais, Vittorio Amadeo est représenté avec vingt-cinq œuvres au Musée municipal d’art ancien de Turin. Essentiellement concentrée sur la figure de ce paysagiste piémontais, l’exposition reconstitue cependant le milieu artistique dans lequel baignait Cignaroli : ainsi sont présentées des œuvres de son père Scipione, de son fils Angelo qui a perpétué la tradition familiale, avec cependant moins d’élégance et d’équilibre, tandis que “Vittorio Amedeo a développé le goût du paysage vénitien avec une élégance raffinée en usant d’un ton personnel, qui fait parfois écho à Zucarelli, en l’harmonisant aux nouvelles idées françaises”, comme l’écrit Luigi Mallé dans le catalogue des peintures du Musée de Turin.
La première section de l’exposition compare les œuvres de paysagistes piémontais tels Pietro Domenico Olivero, Giovanni Michele Graneri, Paolo Maria Antoniani et Jules César Van Loo à celles de Vittorio Amadeo Cignaroli. Dans une deuxième partie, la production de la famille Cignaroli est confrontée à la peinture italienne de paysage contemporaine à travers des scènes de nature peintes de Marco Ricci, Luca Carlevarijs, Il Tempesta, Claude Joseph Vernet ou Jacob Philipp Hackert. “Vittorio Amadeo Cignaroli. Un paysagiste à la cour de Savoie et son époque” offre donc un large panorama de la peinture italienne de paysage, qui a connu un développement tardif par rapport à la France, à l’Angleterre et surtout aux Pays-Bas, où le genre du paysage est né dans la seconde moitié du XVIe siècle.
Cet événement, comme toutes les expositions organisées par la Fondation Accorsi depuis son ouverture il y a deux ans, permet d’approfondir certains aspects de ses collections riches pour l’essentiel d’œuvres du XVIIIe siècle piémontais, une époque pour laquelle l’antiquaire Pietro Accorsi nourrissait une véritable passion.
- Vittorio Amadeo Cignaroli. Un paysagiste À la Cour de Savoie et son Époque, jusqu’au 17 mars, Fondation Accorsi, Via Po 55, Turin, tél. 39 011 812 91 16, tlj sauf lundi 10h-20h.
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Un paysagiste en son temps
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°139 du 21 décembre 2001, avec le titre suivant : Un paysagiste en son temps