Jacques-Henri Lartigue reste le photographe indissociable d’une bourgeoisie aisée, peuplée de belles élégantes se délectant d’un art de vivre où le bonheur paraît facile et spontané. La Côte d’Azur a été pour lui un théâtre de choix pour enregistrer les plaisirs de ce monde clos, avant que le tourisme de masse ne le prive de ses charmes privilégiés.
PARIS. Jacques-Henri Lartigue (1894-1986) a découvert la Côte d’Azur à l’âge de onze ans. Il avait déjà son premier appareil photographique à la main. Il y a séjourné régulièrement sa vie durant, dans des villas "Beauséjour", "Beausoleil", dans des hôtels, avant d’acheter lui-même une maison à Opio, près de Mougins. Celui qui voulait devenir peintre a été fasciné par la lumière. "Tout brille au soleil ; je suis étourdi, engourdi, abasourdi. (…) À Paris, tout était un peu gris, ici c’est le contraire", note-t-il en avril 1911 dans son Journal, fidèle compagnon de ses aventures plastiques. Le jeune bourgeois est attiré par "les élégantes en grand chapeau à fleurs et portant ombrelle", les inaugurations des palaces, les exercices de gymnastique sur des plages désertes, les compétitions d’aquaplane – futur ski nautique –, les courses automobiles à Monte-Carlo, les premiers Festivals de Cannes… Il retrouve ses amis Sacha Guitry, Yvonne Printemps, Abel Gance… et au fil des années, n’enregistre que des instants heureux à travers ce regard d’enfant ingénu qui caractérise son œuvre. On imagine facilement à quel point l’hédoniste a été désenchanté par le succès grandissant de la "Côte". Dès 1950, il ne reconnaît plus son "pays de rêve" où "les touristes se sont abattus comme une armée de sauterelles". "Chaque année, la Côte accueille plus de gens, plus d’enfants, plus de chiens, et avec eux, l’argent, la vulgarité, les querelles de famille…" L’exposition, conçue par la Mission du patrimoine photographique et l’Association des amis de Jacques-Henri Lartigue, présente une sélection d’images à partir de 130 albums originaux, reflétant la diversité des pratiques de l’artiste : noir et blanc, photographies en relief, autochromes, diapositives. Un ouvrage, avec un texte de Mary Blume, est publié chez Flammarion.
LA CÔTE D’AZUR DE JACQUES-HENRI LARTIGUE, du 20 juin au 14 septembre, Hôtel de Sully, 62 rue Saint-Antoine, 75004 Paris, tél. 01 42 74 47 75, tlj sauf lundi et JF 10h-18h30. Ouvrage aux éditions Flammarion, 144 p., 100 ill., 200 F.
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Un pays de rêves
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°40 du 13 juin 1997, avec le titre suivant : Un pays de rêves