Dès les premières salles, il ne fait aucun doute : pompeusement intitulée « Rubens, Poussin et les peintres du XVIIe siècle », la nouvelle exposition du Musée Jacquemart-André ne tiendra pas ses promesses.
PARIS - Le parcours, censé évoquer les relations étroites entre la peinture baroque flamande et l’école classique française, tourne court faute d’illustration probante. Certes, il y a des « Rubens », des « Poussin », mais il s’agit d’œuvres secondaires qui ne permettent pas de mesurer l’importance de ces deux artistes. Sur le papier, le propos était pourtant séduisant. Dans le catalogue, Nicolas Sainte Fare Garnot, co-commissaire de l’exposition, explique qu’il s’agit de témoigner « des sources et inspirations qui ont irrigué le cours de la peinture française ». Le point de départ : la présence de Rubens à Paris en 1625, et d’autres artistes, tel Antoon Van Dyck (auteur du Portrait de Marie de Médicis envoyé par le Palais des beaux-arts de Lille), qui diffusent les canons de la peinture anversoise. Certains artistes sont ainsi pétris du modèle flamand à l’image des frères Le Nain (dont est présenté Le Concert, prêté par le Musée d’art et d’archéologie de Laon) ou de Lubin Baugin, cité avec une nature morte du Musée des beaux-arts de Rennes. Parallèlement, le classicisme français se développe autour de Poussin, Le Sueur et Laurent de La Hyre. À leur tour, expliquent les commissaires, les provinces flamandes subissent l’influence de Paris et du style classique, ce que révèlent les derniers espaces dont certains tableaux donnent une piètre image du Grand Siècle.
Dans chaque salle, des panneaux résument grossièrement cette histoire de la peinture française et de la naissance du classicisme. Faut-il le préciser, la manifestation ne s’accompagne d’aucune découverte, réattribution ou avancée significative pour l’histoire de l’art. Comme si l’institution ignorait superbement les expositions réalisées dernièrement sur le sujet : « Lubin Baugin » au Musée des Augustins, à Toulouse en 2002, l’ouverture du Musée Georges-de-La-Tour à Vic-sur-Seille, en 2003, qui révélait la donation de nombreux maîtres français du XVIIe siècle, la rétrospective consacrée à Jacques Stella au Musée des beaux-arts de Lyon en 2006, ou encore celle de Charles Mellin au Musée des beaux-arts de Nancy en 2007… La déception est d’autant plus grande que le Musée Jacquemart-André est capable du meilleur, comme il l’a prouvé au printemps 2009 avec la réunion des Primitifs italiens de la collection d’Altenbourg. Pour l’heure, si le public parisien veut se familiariser avec la peinture française du Grand Siècle, mieux vaut se rendre directement au Louvre.
Jusqu’au 24 janvier, Musée Jacquemart-André, 158, boulevard Haussmann, 75008 Paris, tél. 01 45 62 11 59, www.musee-jacquemart-andre.com, tlj 10h-18h, le lundi 10h-21h. Catalogue, éd. Fonds Mercator, 224 p., 39 euros, ISBN 978-9-0615-3973-5
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Un pâle XVIIe siècle
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Commissaires : Nicolas Sainte Fare Garnot, historien d’art et conservateur du Musée Jacquemart-André ; Jan de Maere, historien d’art et journaliste, directeur du Centre de documentation du patrimoine flamand
Scénographie : Hubert Le Gall
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°332 du 8 octobre 2010, avec le titre suivant : Un pâle XVIIe siècle