Cathédrale du sacre des rois depuis le XIe siècle, Reims est un lieu chargé de la mémoire de la France, du baptême de Clovis en 498-499 à la réconciliation franco-allemande en 1962.
Reims est la cathédrale nationale. Les autres sont catholiques, c’est-à-dire universelles, elle seule est française. Le baptême de Clovis emplit le haut du pignon. Les rois de France sont peints sur les vitraux de la nef. Sa façade est si riche qu’il est inutile de la décorer les jours de sacre. Des tentures de pierre sont sculptées au portail, de sorte qu’elle est toujours prête à recevoir les rois. » Ainsi s’exprimait en 1898 Émile Mâle dans son ouvrage L’Art religieux du XIIIe siècle en France, une étude sur l’iconographie du Moyen Âge et sur ses sources d’inspiration (Gallimard). Pour L’historien de l’art médiéval, la cathédrale de Reims, jusque dans son décor, est bel et bien un monument singulier de l’histoire de France.
La Sainte Ampoule
Un jour de Noël de 498-499, c’est en effet dans le baptistère de l’ancienne cathédrale – les fouilles en ont révélé l’emplacement sous la cinquième travée de la nef de l’édifice gothique –, que l’évêque rémois Rémi baptise Clovis, le roi des Francs, ainsi que 3 000 de ses soldats. Victorieux des Alamans à la bataille de Tolbiac, le roi avait fait vœu de conversion à la reine Clotilde, une Bourguignonne catholique. Clovis, qui pourra désormais compter sur l’appui du clergé, accepte dès lors de tenir son royaume de Dieu. Le baptême donne par ailleurs lieu à un miracle : une colombe apporte la Sainte Ampoule, celle-là même qui servira à l’onction des rois de France durant toute la monarchie.
Car, grâce à l’influence politique des évêques de Reims, la cathédrale va s’imposer comme lieu de sacre. Le premier sera organisé pour Louis Ier le Pieux, fils de Charlemagne, en octobre 816, avec la volonté d’inscrire la nouvelle dynastie carolingienne dans la lignée de Clovis. Mais c’est sous le règne d’Henri Ier (1031-1060) que le sacre se fixe à Reims, alors que les regalia, les insignes royaux (couronne, anneau, sceptre, épée et éperons), sont apportés de l’abbaye de Saint-Denis, près de Paris, où ils seront conservés jusqu’à la Révolution. Tous les rois, jusqu’à Charles X en 1825, à l’exception de Louis VI, Henri IV puis de Louis XVIII et Louis-Philippe, viendront dans la capitale champenoise pour y recevoir l’onction de l’archevêque de Reims.
Ce rituel du sacre est encore bien connu grâce à de nombreux récits. Le roi, vêtu d’une simple tunique, reçoit l’onction et prête serment alors que lui sont remis les regalia, en présence des pairs de France. Le symbole est tel que, en 1793, un conventionnel est dépêché de Paris pour détruire la Sainte Ampoule. En partie sauvée, elle est encore aujourd’hui conservée À Reims.
Mais la cathédrale aura été marquée par d’autres événements de l’histoire de France. Martyre de la Première Guerre mondiale, reconstruite à coups de millions de francs durant l’entre-deux-guerres, notamment grâce au mécène américain Rockefeller, Reims va aussi devenir un symbole des relations franco-allemandes. En 1962, le général de Gaulle et le chancelier Adenauer y assistent ensemble à une messe de paix scellant la réconciliation entre les deux pays.
401 La première cathédrale est consacrée à Reims.
498-499 Baptême de Clovis.
1211 L’archevêque de Reims Albéric de Humbert lance la construction de l’édifice actuel.
Début XVe Érection des deux tours de la façade occidentale.
1610-1611 Première campagne de restauration du portail central.
1914 Devient « cathédrale martyre » après des bombardements allemands.
1974 Chagall signe les vitraux de la chapelle axiale.
1991 Inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO.
2001-2005 Restauration du portail sud.
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Un monument de l’histoire de France
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°637 du 1 juillet 2011, avec le titre suivant : Un monument de l’histoire de France