Un gothique « so british »

 LONDRES - 1400-1547 : deux dates qui marquent respectivement le début du règne d’Henry IV et la fin de celui d’Henri VIII. D’une dynastie à l’autre, le royaume connaît la bataille d’Azincourt, la guerre de Cent Ans ou la guerre des Deux-Roses... « Cette période ne fut pas seulement celle des guerres et des conflits. La fin du Moyen Âge fut aussi celle d’une production artistique sans précédent », précise Richard Marks, commissaire de l’exposition que le Victoria & Albert Museum, à Londres, consacre à l’art du gothique tardif en Angleterre. En choisissant cette chronologie (1400-1547), la manifestation tente de « démontrer qu’en dépit des influences italiennes et du Nord de l’Europe le style gothique est resté prédominant en Angleterre jusqu’au milieu du XVIe siècle », précise Richard Marks. Au total, plus de 300 pièces (tapisseries, peintures, manuscrits, bijoux, céramiques, vitraux, retables, éléments architecturaux) ont été réunies selon un parcours thématique (la royauté, la chevalerie, les mécènes, la vie quotidienne, la mort…). Si l’accumulation d’objets rend le parcours légèrement indigeste et si certaines œuvres sortent du contexte gothique à proprement parler, la manifestation a le mérite de comporter des pièces d’exception. Ainsi de la couronne de Margaret d’York (sœur d’Edouard IV), d’une coupe argentée créée pour Margaret Beaufort (mère d’Henry VII), du reliquaire en or de l’ordre du Saint-Esprit (Musée du Louvre), du Triptyque de Donne de Hans Memling ou des œuvres d’Holbein. Citons également la présentation du Bréviaire de Salisbury et du Psautier et livre d’heures de Bedford, deux manuscrits du XVe siècle provenant de la riche bibliothèque de Bedford et qui font partie de la douzaine d’ouvrages qui nous sont parvenus.