Il faut remonter à 1964 pour retrouver la trace de la nature morte italienne dans une exposition scientifique. C’était à Naples, et depuis, pratiquement plus rien. Bien sûr, ce genre mineur revient de loin. Dernier de la hiérarchie, il a depuis longtemps acquis ses lettres de noblesse, mais davantage dans le Nord de l’Europe que dans le berceau de la Renaissance et du Baroque. Le préjudice sera à n’en pas douter grandement réparé avec une exposition de 200 œuvres organisée par une des spécialistes en Italie, Mina Gregori. Il faut bien sûr s’attendre aux inévitables et troublants tableaux du Caravage puisqu’il est le peintre qui fit naître l’engouement pour ce genre à Rome, aux compositions d’instruments de musique du renommé Baschenis, maître incontesté dans ce domaine, aux portraits allégoriques d’Arcimboldo, forcément. Les autres noms sembleront vaguement familiers ou parfois complètement inconnus, faute à la domination flamande qui avait occulté quelques merveilles italiennes. Les grands formats à la précision scientifique diabolique de Bartolemeo Bimbi, saturés de cerises ou d’agrumes, offrent un catalogue botanique des plus impressionnants. Mais c’est sans nul doute la présence exceptionnelle de quelques-unes des pelles des membres de l’Académie de la Crusca qui devrait retenir toutes les attentions. Elles ne sont que très rarement exposées en dehors du siège de cette institution italienne (à Castello) et surprennent par leur configuration. Le tableau imite en effet par sa forme la pelle dont se servent les boulangers pour enfourner leur pain ; sur fond noir, y sont figurés un emblème en relation avec le blé et la farine, un surnom sur un cartel en trompe-l’œil et un proverbe. Chaque membre admis dans cette confrérie se devait de faire réaliser sa pelle par un artiste renommé. Aujourd’hui, les spéculations vont bon train autour de ces 152 spécimens réalisés entre les XVIe et XVIIIe siècles. Ces mystères rejoindront l’exposition rare de grands maîtres anonymes aux œuvres peu connues mais révélateurs d’une créativité dans le domaine de la nature morte jusqu’ici minorée à tort. Avec quelques découvertes et révélations tenues encore secrètes.
MUNICH, Kunsthalle der Hypo-Kulturstiftung, Theatinerstrabe 15, tél. 89 22 44 12, 6 décembre-23 février.
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Un genre bien vivant
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°542 du 1 décembre 2002, avec le titre suivant : Un genre bien vivant