Plus de trente ans après une rétrospective organisée du vivant de l’artiste, le Centre Pompidou rebat les cartes du mythe catalan [rétrospective Dalí, jusqu’au 25 mars 2013].
Que le visiteur ne se fie pas à la mise en scène appuyée d’un œuf de la gestation qui ouvre l’exposition ni à la rotonde circulaire très scénarisée qui la conclut dans un effort pas très heureux, les deux seuls moments où le parcours de Laurence Le Bris surjouent le maître. Le reste de l’exposition, très roborative avec ses deux cents œuvres et documents, a misé sur la sobriété avec ses murs blancs et une alternance de kiosques disséminés dans un espace très largement ouvert et spacieux. C’est un Dalí très classique qui se dessine à travers cette scénographie très chic, presque désincarnée, malgré l’effort déployé, dans la seconde partie de l’accrochage, pour faire de Dalí le père de la performance à grand renfort d’archives télévisuelles. Mais celles-ci paraissent presque incongrues tant la muséographie appuie sur le sérieux de l’entreprise.
Si l’on sait gré à l’équipe de Jean-Hubert Martin (co-commissaire de l’exposition) de nous avoir épargné du grand-guignol à tout va, le contrepied est toutefois presque un peu trop brutal. L’exposition assagit la folie psychotique de l’artiste pour camper son œuvre dans l’histoire de l’art, affichant un sérieux historique comme antidote contre la facilité d’une programmation jackpot (le musée table sur une très forte fréquentation). D’où de très beaux moments comme cet ensemble d’œuvres obsédées par L’Angélus de Millet. Mais il y a comme un petit grain de folie en moins tant l’exposition essaie d’éloigner Dalí de la pathologie pour canoniser à toutes forces le peintre puis le performeur. Le bouffon surréaliste, excommunié du mouvement par Breton, s’affirme dans la maîtrise de ses classiques et par une curiosité insatiable pour les avancées scientifiques. Le Dalí bonimenteur, chef d’entreprise, est passé sous silence, éclipsé par un génie plus posé que poseur, intellectuel, une grande figure du XXe siècle. L’hommage en grande pompe connaît ses classiques.
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Un Dalí bien (trop) sage
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°653 du 1 janvier 2013, avec le titre suivant : Un Dalí bien (trop) sage