Étape barcelonaise d’un projet qui fera ensuite escale à Rotterdam, à Beyrouth et au Caire, « Représentations arabes contemporaines » envisage une sphère culturelle jusque-là peu visible. Commissaire de l’exposition, Catherine David, entourée de multiples intervenants, propose un panorama de quelques-uns des enjeux culturels et politiques du Liban.
BARCELONE (de notre correspondante) - “Il ne s’agit pas d’une exposition mais d’un dispositif, une plate-forme expérimentale et critique avec un développement en rhizome, où est présenté le travail de divers auteurs liés à l’urbanisme, l’architecture, les arts plastiques, la vidéo, la littérature, la poésie, le théâtre... ”, prévient Catherine David, commissaire de la Documenta X de cCassel en 1997, et actuelle directrice du Witte de With de Rotterdam. Son dernier projet, intitulé “Représentations arabes contemporaines”, arrive à son port à la Fondation Tàpies de Barcelone. Antérieurement, il a pris la forme d’un séminaire à l’Université internationale d’Andalousie en octobre 2001, d’un colloque à l’Akademie Schloss Solitude de Stuggart en février 2002, et d’un dossier publié par la revue Zehar du Centre culturel Arteleku de Saint-Sébastien. La prochaine étape est Rotterdam en 2002, avant Le Caire et Beyrouth. L’objectif de la commissaire est évident : “faire circuler cette information en Europe est important. Cependant, il faut obtenir une dynamique d’échange intellectuel dans le monde arabe lui-même. Le but est d’articuler une visibilité minimale dans le contexte lui-même. Les difficultés de relations et d’échanges qui existent entre deux villes géographiquement proches comme Beyrouth et Damas paraissent incroyables”. Catherine David semble plus que consciente des limites d’une proposition qui n’arrive pas à atteindre le monde auquel elle se réfère.
La manifestation barcelonaise se consacre d’ailleurs essentiellement au Liban, “une zone essentielle pour la compréhension de la culture contemporaine. La situation d’après-guerre dans laquelle il se trouve est très complexe ; avec les accords de Taïf, la guerre s’est achevée, mais jusqu’à aujourd’hui les accords définitifs de paix n’ont pas été signés. Le pays est toujours en guerre avec Israël, il est occupé par la Syrie et il ne constitue plus une exception dans le monde arabe. Mais malgré tout cela, il y a des groupes de même générations d’artistes qui, à partir des années 1990, ont commencé à penser et à agir sur la situation”.
Avec entre autres Rabih Mroué, Walid Raad, Jalal Toufic ou encore Tony Chakar, la douzaine de participants au projet propose des représentations qui s’affrontent à la réalité de Beyrouth et aux conditions actuelles de cette société, que ce soit par le biais de vidéos, de textes, d’essais, de performances, de photographies ou des sites Internet. “L’État libanais peut se comprendre non seulement comme un État post-moderne, mais comme le premier exemple d’un État en leasing toujours conditionné par un jeu de forces politiques et économiques externes”, remarque l’universitaire Saree Makdisi, un des participants au projet. “La préoccupation de certains intellectuels libanais pour le développement et la promotion d’une culture arabe contemporaine expérimentale et critique est un motif suffisant pour remarquer un groupe d’auteurs qui ressentent la nécessité de se rencontrer et de discuter d’un projet culturel à moyen terme dans leur propre ville et dans leur propre contexte”, conclut Catherine David.
- Représentations arabes contemporaines, jusqu’au 14 juillet, Fondation Tàpies, Aragó, 255, Barcelone, tél. 34 93 487 03 15, tlj sauf lundi 10h-20h, http://ftapies.ntwk.es.
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Un contexte en mouvement
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°151 du 14 juin 2002, avec le titre suivant : Un contexte en mouvement