Une analyse de la représentation des Juifs dans la peinture orientaliste du XIXe et en Europe.
PARIS - Si l’Orientalisme fait l’objet depuis plusieurs années de nombreuses études et expositions, le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) a choisi d’aborder ce phénomène artistique à travers le thème, quasi vierge, de la représentation des communautés juives dans un monde où l’Islam est prédominant. Le propos s’inscrit dans la lignée du colloque organisé au MAHJ en 2005 qui avait développé cette idée que « l’image que l’Occident s’est faite – et se fait – des Musulmans orientaux est en relation étroite avec sa perception des Juifs ». Laurence Sigal-Klagsbald, commissaire général de la manifestation (et directrice du MAHJ jusqu’à la fin de l’année 2011, lorsqu’elle a cédé sa place à Laurent Héricher) précise ainsi dans le catalogue : « animés par la conviction que, dans l’Occident chrétien, la caractérisation du Juif comme oriental, et par là même comme « autre absolu », d’une part, et que les glissements des Juifs aux Arabes, des Hébreux de la Bible aux peuples du Moyen-Orient préislamique, d’autre part, méritent que l’on s’y arrête, nous proposons d’explorer la représentation des Juifs dans un Orient réel ou rêvé ». Servi par une présentation didactique et un accrochage qui créent une proximité avec les œuvres, le parcours montre comment, du début du XIXe siècle jusqu’aux premières années du XXe siècle, les peintres voyageurs décrivent les populations juives selon différentes approches, ethnographiques, exotiques, esthétiques ou religieuses, avant que les artistes juifs venus d’Occident ne se réapproprient cette thématique.
La démonstration commence avec Delacroix au Maroc et Chassériau en Algérie. Les deux artistes « croquent » sur le vif, dans leurs carnets, les communautés méditerranéennes à l’image de la Mariée juive au Maroc (v. 1852) pour le premier ou de ces Femmes juives au balcon (1849) pour le second. Alfred Dehodencq consacre de nombreuses peintures à ce sujet qui n’échappe pas, chez certains peintres, à une vision caricaturale. Dans cette découverte de l’Orient, le voyage en Terre sainte fait l’objet d’un traitement à part, répondant aussi bien à des aspirations religieuses que philologiques. Les représentations romantiques de Jérusalem par Louis Nicolas Philippe Auguste de Forbin ou David Roberts contrastent avec les descriptions précises de Gustav Bauernfeind ou la vision qu’offre Jean-Léon Gérôme dans son huile sur toile de 1883 Vieux marchand Juif et Arabes. Le voyage en Orient incite également les artistes à revisiter les épisodes de la Bible, comme le fit Horace Vernet, qui, dans des tableaux pour le moins pittoresques, prête aux personnages bibliques les traits et tenues des populations bédouines. Des artistes Juifs européens réinterprètent à leur tour les épisodes d’une histoire commune et, de 1906 à 1929, l’Ecole d’art et d’artisanat de Bezalel est à l’origine d’une production artistique totalement repensée.
- Commissaire général : Laurence Sigal-Klagsbald, ancienne directrice du MAHJ
- Commissaire scientifique : Nicolas Feuillie, responsable des collections photographiques du MAHJ
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Un autre Orientalisme
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Abonnez-vous dès 1 €Les juifs dans l'Orientalisme, jusqu’au 8 juillet, Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, 71 rue du Temple, 75003 Paris, tél. 01 53 01 86 53/60, www.mahj.fr, tlj sauf samedi, 10h-18h, 21h le mercredi. Catalogue, éditions Skira Flammarion, 196 p., 35,50 euros
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°370 du 25 mai 2012, avec le titre suivant : Un autre Orientalisme