Plus de mille œuvres stupéfiantes de fantaisie et de liberté, réalisées par soixante-trois créateurs japonais contemporains, envahissent un lieu dévolu à l’art hors-normes : la Halle Saint-Pierre, blottie à l’ombre de la Butte Montmartre.
Singulière, cette exposition l’est totalement. Chaque œuvre, chaque « chose » peut-on même écrire tant ce qui est montré échappe aux classifications, semble être là sans autre raison que d’exister pour elle-même, présence émouvante ou bizarre. Atteints de troubles tels l’autisme ou la trisomie, la plupart des auteurs de ces productions insolites fréquentent des institutions pour handicapés mentaux. Tous semblent vivre leurs activités de création comme une pratique où peuvent venir se rompre des parois de solitude et de souffrance, dans le bonheur de faire émerger des signes de vie.
Les feuilles d’une densité textuelle impressionnante de Moriya Kishaba, recouvertes de milliers d’idéogrammes alignés avec une infinie patience, le Pyjama œufs de saumon et le Pyjama pénis couleur chair peints par Takahiro Shimoda, qui aime dormir avec ce qu’il affectionne le plus, ou les curieuses céramiques de Haruki Ishii et de Yoshihiko Ito, confirment avec force l’intuition qu’avait eue Jean Dubuffet quand il baptisa en 1945 « Art brut » certaines productions de non-professionnels de l’art. Peu importe la culture de l’artiste, seule compte l’intensité de l’ impérieuse nécessité de mettre à jour une empreinte de son altérité.
« Art brut japonais », Halle Saint-Pierre, 2, rue Ronsard, Paris XVIIIe, www.hallesaintpierre.org, jusqu’au 2 janvier 2011.
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Un autre art japonais
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°625 du 1 juin 2010, avec le titre suivant : Un autre art japonais