Après trois ans de recherches, Bernard Dulon présente soixante-dix pièces d’art du Cameroun. Il n’a pas pour autant écumé le pays en tenue d’aventurier, car l’ensemble des œuvres, sorti avant-guerre, était conservé depuis dans des collections prestigieuses. Un élément rassurant pour ce type d’art dont les faux sont légion. Ici, les pièces s’échelonnent du XVIIIe au début du xxe siècle et se répartissent entre célèbres sculptures, reproduites dans la plupart des ouvrages sur le sujet, et objets moins à la mode, comme des pipes que le public verra pour la première fois. Pourquoi le Cameroun ? « Parce qu’il a l’avantage d’être un tout petit pays qui résume l’Afrique, à la fois au niveau de sa géographie, de sa population et des arts. Cette exposition s’avère donc relativement exhaustive. »
Les productions des royaumes de l’Ouest se taillent une place de choix avec de nombreuses sculptures Bangwa et Bamiléké, ainsi que des pièces perlées, une des originalités de l’art camerounais. Un bel exemple de cette pratique polychrome est un siège royal supporté par un léopard qui appartenait à Charles Ratton, expert renommé d’art africain. Ces œuvres étaient soigneusement sculptées avant d’être recouvertes de fines perles et ne pouvaient appartenir qu’au roi ou à sa famille.
Au Cameroun, l’artiste jouit d’ailleurs d’un statut social élevé, au sein d’une société dans laquelle l’art et le pouvoir sont proches. Ainsi, un masque ne sert pas à cacher un visage, mais à prendre l’apparence de l’individu dans son ensemble. Il est toujours figuratif, polymorphe ou zoomorphe, à l’exemple d’une pipe représentant un roi portant un masque de bélier, considéré pour ses qualités de combativité et sa virilité fécondante. D’autres sculptures sont des effigies commémoratives de souverains et les statues anthropomorphes, exhibées pour protéger la tribu ou lors des grandes cérémonies, sont parmi les plus grandes d’Afrique. Aux lignes très modernes, cet art a beaucoup influencé le cubisme et l’expressionnisme allemand, ou des artistes comme Jacob Epstein et Georg Baselitz.
« Arts du Cameroun », Galerie Bernard Dulon, 10, rue Jacques-Callot, 75006 Paris, jusqu’au 30 juillet 2006, puis Galerie Friedman & Vallois, 27 E. 67 Street, New York, jusqu’en novembre 2006.
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Un art séculaire très contemporain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°582 du 1 juillet 2006, avec le titre suivant : Un art séculaire très contemporain