Longtemps négligé par le public français, l’Expressionnisme allemand fait l’objet, depuis l’exposition du Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 1992, d’un intérêt qui ne se dément pas. L’hommage à Nolde en est un nouveau témoignage.
PARIS - En même temps que les Fauves, les expressionnistes allemands ont libéré l’usage de la couleur de certaines conventions et ouvert l’un des chapitres les plus denses du xxe siècle. Nolde (1867-1956) est à la fois très caractéristique de l’esprit expressionniste et relativement marginal, compte tenu de son romantisme latent et de son engagement auprès des nationaux-socialistes. D’abord sculpteur, membre éphémère du groupe "Die Brücke", Nolde s’est trouvé en sympathie avec l’esthétique de Schmidt-Rottluff et de Kirchner parmi d’autres, mais son tempérament terrien, sa vision exacerbée de la nature en font tout autant un héritier à part entière de la grande peinture allemande du siècle précédent.
La question de ses options politiques taraude évidemment les historiens, tant l’avant-garde et les régimes totalitaires sont réputés irréductiblement contraires. Comme certains futuristes italiens, Nolde ne faisait pas mystère de ses sympathies, qu’il a explicitées dans un ouvrage intitulé Le monde et la patrie, ce qui ne lui ouvrit aucun bénéfice dans l’Allemagne nazie. À son corps défendant, il fut aussi montré dans l’exposition d’art dégénéré, et nombre de ses œuvres ont été détruites. Il lui fut finalement interdit d’exercer la peinture, en dépit de ses protestations : "Mon art, écrivait-il à Goebbels, est un art allemand, vigoureux et ardent".
L’exposition du Musée-Galerie de la Seita présente soixante aquarelles et gravures, techniques dans lesquelles Nolde excellait, comme beaucoup de ses contemporains, et qui constituent une part essentielle de son œuvre. Ces travaux sur papier, réunis par Serge Sabarsky, proviennent du Musée Leopold-Hoesch de Düren et de collections privées.
EMIL NOLDE, AQUARELLES ET GRAVURES, Musée-Galerie de la Seita, jusqu’au 25 mai. Ouvert tous les jours sauf le dimanche, de 11h à 19h.
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Un aperçu de Nolde
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°24 du 1 avril 1996, avec le titre suivant : Un aperçu de Nolde