Ce dernier volet de la trilogie dédiée par le MuMa à la mer est une invitation à plonger dans l’univers de l’imaginaire marin bouleversé au tournant de 1860 par les travaux de Darwin, les écrits de Michelet, les progrès océanographiques.
Les Vénus académiques célébrées au Salon de 1863 sont destituées au profit des sirènes lascives qui séduisent des peintres comme Auburtin ou Sohlberg. Nombreux sont les artistes qui élisent pour motifs méduses, pieuvres, coraux et hippocampes. Le cabinet de curiosités, ouvert au cœur du parcours, se présente comme la synthèse des fabuleuses découvertes scientifiques remontées du fond des abysses que des créateurs audacieux transposent en lustres, statues et cyanotypes. À leur suite, les symbolistes comme Redon (Vision sous-marine) et les surréalistes comme Max Ernst (Fleurs de coquillages) s’emparent du registre esthétique pour composer un étrange bestiaire aquatique. La photo suscite à son tour des œuvres poétiques ou fantastiques (Pince de homard de Jean Painlevé). Nos regards face à l’océan des origines évoluent. Il faisait peur hier. Avec le changement climatique, on craint pour lui maintenant. Devant la quantité des œuvres et leur diversité, l’immersion du visiteur est totale. Amené à comparer, admirer ou critiquer, il peut en tout cas rêver et se promener l’œil ouvert comme celui du capitaine Nemo, debout devant l’énorme hublot du Nautilus, ébloui ainsi que l’écrit Jules Verne par « la mer qui prodiguait incessamment ses plus merveilleux spectacles ».
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : Trésors et fictions de l’océan