Les Musées d’Avignon, Calvet, Requien, Lapidaire, Petit Palais et Palais du Roure conservent plus d’un million deux cent mille œuvres d’art, objets et documents abordant toutes les disciplines et toutes les époques, dont 10 % seulement sont montrées au public.
C’est visiblement avec un vif plaisir que le couturier-créateur Christian Lacroix, commissaire de l’exposition « Mirabilis » (miracles) s’est immergé dans ces collections cachées pour y glaner, dit-il, « l’admirable, le merveilleux, l’étonnant ». Pour mettre en scène les quatre cents pièces sélectionnées dans le décor illustre de la Grande Chapelle du Palais des papes, il a choisi l’idée du cabinet de curiosités cher à son univers baroque, « un monde où tous les contraires sont harmonieusement possibles ». À travers ce thème, il invente un univers ou les chefs-d’œuvre dialoguent sans complexe – de supériorité – avec des pièces plus inhabituelles, plus curieuses, mais tout aussi dignes d’intérêt, que leur incongruité avait privées de projecteurs depuis des lustres. Ce rapprochement d’objets remarquables de modestie ou de noblesse émanant des beaux-arts ou des arts populaires leur permet d’atteindre, ici, chacun à leur manière, la même valeur. Sacré ou profane, anonyme ou signé, de la préhistoire à l’art moderne, chaque élément fait ici partie d’un tout débridé mais harmonieux et n’a d’autre ambition que de surprendre, susciter la curiosité du visiteur comme cet Hercule de l’époque impériale, cet anorak inuit du XVIIIe siècle, un portrait de Mallarmé par Picasso, une armure de samouraï ou de superbes plats d’Iznik du XVe siècle, sans oublier ces oiseaux postés de vitrine en vitrine qui rappellent, si besoin est, que la Camargue de Christian Lacroix est toute proche.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°716 du 1 octobre 2018, avec le titre suivant : Trésors d’Avignon