Mode

Tout sur Sonia

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 20 janvier 2009 - 491 mots

Elle a inventé le chic décontracté. Les Arts décoratifs à Paris retracent la carrière de Sonia Rykiel.

PARIS - Le Café de Flore à Paris la compte parmi ses habitués. Sa boutique est située en face, au 175 du boulevard Saint-Germain. Silhouette longiligne, teint diaphane, chevelure d’un roux flamboyant qui défie le temps, dame Sonia Rykiel règne sur Saint-Germain-des-Prés depuis quarante ans. Un anniversaire marqué par une rétrospective au Musée des Arts décoratifs, à Paris, où petits pulls rayés rivalisent avec jerseys élégants et drapés audacieux.
C’est le « poor boy sweater » qui lance la carrière de Sonia Rykiel, un simple pull-over retaillé près du corps qu’elle avait commandé pour son compte personnel aux ateliers de son confectionneur de mari au début des années 1960. Dès les premiers succès de la belle autodidacte pour la boutique Laura, la machine s’emballe et la voici catapultée prêtresse de la mode et de la modernité. Son style emprunte volontiers à l’esprit pop pour la modernité des coupes et des matières, comme à l’atmosphère vaporeuse de l’Art nouveau et des héroïnes aux chevelures lourdes du peintre Mucha. Ourlets et doublures sont relégués au placard, voici venu le temps du « total look » en maille, des superpositions inédites, des coutures apparentes, des couleurs acidulées, du noir graphique et des fleurs en mousseline. Conçues par le photographe Dominique Isserman, les campagnes publicitaires ici largement passées en revue sont emblématiques de la vague rétro des années 1980.
Étonnamment (ou sans surprise ?), le terme « confort » n’apparaît que de manière fugace sur les textes d’accompagnement, au profit de termes plus valorisants comme « élégance », « modernité », « chic »… C’est pourtant l’aspect le plus frappant des tenues présentées : elles s’adaptent au corps sans le contraindre, subliment l’allure et le mouvement. La mode Rykiel est une mode faite par une femme pour les femmes, où le vêtement est au service du corps et non l’inverse, tandis que les mannequins des défilés, énergiques et souriantes, irradient de féminité. La créatrice le rappelle : « Un vêtement est réussi quand on dit à une femme “que tu es belle” et non “que tu as un joli truc !” » Jamais ennuyeux, le parcours rythmé par les musiques des défilés s’achève sur les créations hommages venant des admirateurs de dame Rykiel : Jean Paul Gaultier, Christian Lacroix, Giorgio Armani… excusez du peu.

SONIA RYKIEL, EXHIBITION, jusqu’au 19 avril, Musée des Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, 75001 Paris, tél. 01 44 55 57 50, www.lesartsdecoratifs.fr, tlj sauf lundi 11h-18h, 10h-18h le week-end et 11h-21h le jeudi. Catalogue, 680 p., 6 700 ill., 55 euros, ISBN 978-2-91691-4091, disponible également en anglais.

SONIA RYKIEL
Commissaires : Olivier Saillard, chargé de la programmation des expositions mode et textile aux Arts décoratifs
Œuvres : 220 vêtements et accessoires, photographies et vidéos de défilés
Scénographie : Jean-Christophe Poggioli et Pierre Beucler
Mécènes : Assurances Generali, Lombard Odier Darier Hentsch & Cie

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°295 du 23 janvier 2009, avec le titre suivant : Tout sur Sonia

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