Belgique - Art contemporain

Bruxelles (Belgique)

Tout Bruxelles à l’ombre d’un arbre

Centrale for contemporary art - Jusqu’au 12 septembre 2021

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 26 mai 2021 - 329 mots

Dans certains villages africains, les habitants se rassemblent encore à l’ombre d’un grand arbre pour décider, célébrer ou simplement palabrer.

Cet arbre, on l’appelle « arbre à palabres ». Pour le deuxième volet de la trilogie « BXL Universel » fêtant les 15 ans de la Centrale – le premier volet ayant été programmé en 2016 pour les 10 ans du centre d’art –, l’artiste Stephan Goldrajch a eu l’idée d’ériger l’un de ces arbres à palabres dans le hall de l’ancienne centrale électrique de la place Sainte-Catherine, à Bruxelles. Pas un arbre véritable, bien sûr, mais un « arbre » érigé à partir de dizaines de morceaux de tricot et de crochet que l’artiste, né en 1985, a demandé à des Bruxellois (habitants, résidents en maisons de retraite, associations…) de lui confectionner. Le résultat prend la forme d’un immense patchwork coloré qui accueille chaleureusement le visiteur de cette « exposition-forum ». Il prend la forme aussi d’un immense arbre autour duquel sont déployées les propositions des neuf autres artistes invités à faire un nouveau portrait « subjectif » de la ville ; neuf artistes, pour la plupart déracinés, mais qui ont choisi de vivre et de travailler à Bruxelles, ville multiple. Un portrait subjectif donc, et bigarré. Parmi eux, Oussama Tabti est né en Algérie en 1988. Son Parlophone est une collection de sonnettes dépareillées, comme on en trouve à la porte des immeubles bruxellois. Chacune déclenche le récit d’une personne venue vivre à Bruxelles. Younes Baba-Ali, lui, est né au Maroc. Il a demandé à un policier bruxellois – une figure locale, paraît-il – de raconter face à la caméra des histoires drôles dans l’idiome de différentes communautés, dans l’espoir d’apaiser les relations… Car elles ne le sont pas toujours, comme en témoigne Pélagie Gbaguidi (née au Sénégal, en 1965), qui renverse littéralement les tables d’une école qu’elle a conviée à participer à une « action artistique » afin de réfléchir au processus de décolonisation dans l’éducation. Un sujet qui mérite largement de se réunir sous l’arbre à palabres…

« BXL Universel II, Multipli.city »,
Centrale, place Sainte-Catherine, 44, Bruxelles (Belgique), www.centrale.brussels

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°744 du 1 juin 2021, avec le titre suivant : Tout Bruxelles à l’ombre d’un arbre

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