Thonon, la gallo-romaine

« C’est une première émergence des collections archéologiques locales, » se réjouit Amélie Beaujouan, responsable des musées de la ville. Car, en 2006, Thonon-les-Bains a signé avec l’association Grat, qui se charge des fouilles sur le secteur, un accord l’engageant à protéger et à mettre en valeur ce patrimoine. Après une dizaine d’années de recherche, de tri et de restauration du matériel, « Ça s’est passé sous vos pieds » dévoile donc l’immense centre de production de poteries qu’était Thonon à la période gallo-romaine. Celles-ci constituent une vaste typologie destinée à toutes les populations et tous les usages, de la production commune à pâte grise pour la préparation des aliments à la céramique sigillée aux décors fins et variés (vignes, poinçons ou scènes érotiques). Elles font partie des deux tonnes de tessons mis au jour en 1972 sur un site à huit fours et un dépotoir, le seul de cet importance découvert à ce jour en Savoie. Une salle entière est consacrée aux exemples de quelques récipients reconstitués, présentés à hauteur des yeux pour mieux en admirer leur beauté et la technique de fabrication et de décoration dont les gestes sont expliqués dans une vidéo. Le travail de scénographie et le choix des pièces sont en effet remarquables et participent à la compréhension de ce mobilier. La domus gallo-romaine est évoquée par une architecture simple et rassemble les objets de la maison. Quelques-uns se distinguent : une statuette de Mercure (Ier-IIIe siècles) servant au culte pratiqué en famille, une bague en or avec une intaille en coraline (IIe-IIIe siècles) et un socque d’enfant avec des clous en fer destinés à éviter son usure. On connaît encore peu de choses de la ville antique pour le moment privée d’édifices publics et même de son nom ancien. Mais la recherche ne fait que commencer et cette petite exposition finement conçue prouve déjà son importance dès l’époque augustéenne.