Tentations en tous sens

De la sensualité qui paraît vertu à la volupté qui serait vice, la vue nous guide sur ce chemin de galanterie. Sens après sens, sur une centaine d’œuvres, les artistes, dont certains sont liés à la région rhônalpine, traduisent l’évolution de la morale et de l’interdit. Au début, partis de la relecture des symboles et des mythes hérités de l’Antique et de la Renaissance, ils traitent des séductions du monde selon les critères académiques du « grand genre ». Après 1880, la représentation de la sensualité passe par la nature et l’intime et se libère des codes allégoriques. Fruit pour le goût, harpe pour l’ouïe, fleur pour l’odorat, caresse pour le toucher, le registre reste sage. L’étape suivante, jouant sur la beauté du corps féminin, gagne en licence et conduit jusqu’au moment où le pinceau déshabille les belles. En fin de parcours, même si elles en appellent d’une autre manière aux sens, les notions « du sublime et de l’ailleurs » font perdre au propos un peu de sa cohérence. On voit mal ce que font ici des paysages de montagne et des effets de lune, malgré l’idée de territoire à conquérir. A part quelques noms célèbres, Redon, Carrière, Hébert, Doré, les peintres présents sont inconnus ou presque. Leurs œuvres, qui proviennent pour la plupart du fonds du musée, sont donc à découvrir.