Takis, du pur bonheur

Si quelques œuvres étaient présentées à Paris, à l’instar du Musical (2004), douze tableaux magnétiques musicaux prêtés par la Fondation Vuitton, ou de Gong (1978), puissante cloche instrumentale venue de la Fondation Takis et déclenchée tous les quarts d’heure par un gardien, ce nouvel accrochage réunit plus de soixante-dix pièces autour des thèmes du magnétisme, du silence et du son, ainsi que de la lumière et de l’obscurité. L’originalité du sculpteur n’est plus à démontrer, et cette présentation confirme la place importante de l’artiste dans l’histoire de l’art depuis les années 1960. Cet héritier de Dada et de Duchamp bascule dans l’abstraction en 1959. L’agencement des objets métalliques et les formes – parfois des tableaux – obtenues grâce à leurs tensions magnétiques témoignent d’une intime connaissance de l’histoire de la sculpture et de la peinture modernes, comme du désir de l’artiste de s’inscrire dans son temps – la parenté avec les signaux ferroviaires est frappante. L’exposition revient sur la sculpture-performance réalisée en 1960 dans la Galerie Iris Clert, pour laquelle il suspendit le poète Sinclair Beiles dans les airs par la seule puissance magnétique. Elle déroule ensuite les recherches de l’artiste jusqu’au Musical de 2004. Il se dégage du parcours, alternant le son et la lumière, une sensation de plénitude et de joie. Un pur moment de bonheur qui, après Londres, prendra la direction de Barcelone et d’Athènes, où est né l’artiste en 1925.