Surprises de taille

C’est ainsi qu’à Mougins, village médiéval posé comme une perle sur un promontoire, sont dispersées vingt-deux sculptures monumentales pour une balade initiatique à travers les mouvements artistiques des XXe et XXIe siècles. Mougins a une histoire particulière avec l’art par sa situation, son climat, sa lumière. Le village a séduit de nombreux artistes qui ont choisi d’y séjourner : parmi eux Léger, Éluard, Man Ray et Picasso qui y passa les quinze dernières années de sa vie. Cette exposition à ciel ouvert rend tout naturellement hommage aux artistes azuréens, depuis les Nouveaux Réalistes, trublions des années 1960, jusqu’à leurs héritiers contemporains, dont les itinéraires personnels sont ponctués par un goût commun du monumentalisme : durant le parcours, le promeneur croise César venu avec son Pouce, sa Porche compressée et sa Ginette qui aguiche les passants ; il fait une pause sur le Banc des générations avec Niki de Saint Phalle, puis il suit Armand à Marienbad, où il caracole avec les Saltimbanques de Théo Tobiasse. Les Chênes débonnaires de Steph Cop l’emmènent au plus profond de la forêt, et le Grand Serein de Lavarenne l’invite à une sieste suspendue. Quant aux oblitérations de Sosno, elles laissent pour le moins rêveur. Où que le regard se tourne, sur terre ou dans les airs, il y a toujours une surprise monumentale. En résine, en acier, en bois ou en bronze, les œuvres se fondent dans le décor ou s’en démarquent. Certaines prennent même des airs de vestiges de civilisation. C’est gai et plein d’humour. Sosno avait raison : « La meilleure galerie pour une sculpture, c’est la rue. »