Les photos légendées au crayon de papier terminent le parcours de l’exposition, accrochées dans un modeste passage du Mamac. Elles fournissent pourtant quelques belles clés de lecture du travail de Richard Long.
Écosse, Norvège, Afrique du Sud, toutes cadrent des déserts de pierres ou de sable sur lesquels Long imprime un marquage léger et éphémère : traces de pas, déplacements de graviers, ligne d’eau sur ardoise sèche ou arrangements de cailloux en cercles ou en spirales. Non seulement les photographies font office de relevés d’interventions, mais elles attestent encore d’une balade dont Long précise à chaque fois la durée et la localisation.
En 1965 déjà, Richard Long creusait un trou dans le sol de son Bristol natal pour une sculpture à peine matérialisée. Suivait en 1967 un geste déterminant qui lui fit répéter – et photographier – une série d’allers-retours sur l’herbe verte d’une pelouse, traçant A Line Made by Walking (« Une ligne faite en marchant »). Long l’arpenteur annonçait la marche comme sujet.
Sans doute ces interventions sculpturales et éphémères dans une nature intacte ont-elles conduit à ranger l’artiste anglais au rayon Land Art. Mais rien n’est moins sûr. « Marcher dans l’Himalaya, objecte Long, c’est une façon de toucher la terre avec plus de légèreté, et cela suppose un engagement personnel plus physique que celui d’un artiste qui planifie un grand “earthwork” réalisé ensuite par des bulldozers. »
Autre échelle, autre temporalité que celle des landartistes américains, c’est aussi ce que rappelle l’exposition niçoise. Long, qui s’est longuement promené dans l’arrière-pays, a déplacé, comme il le fait souvent, des matériaux naturels – pierres de la Turbie, terre de Vallauris – qu’il a ensuite disposés en figures primitives, en « sculptures d’intérieur » dans le musée. Du site au non-site. C’est le cas des arrangements de pierres au sol qui cueillent le visiteur en début de parcours : demi-cercle, spirale et sculpture d’angle.
Dès lors, l’exposition ne lâche plus ou presque la quête nomade de l’originel et du primitif dont se nourrit aujourd’hui l’artiste. Des coulures de kaolin frictionnées au gant sur de grands panneaux noirs dressent un lourd environnement, suivi de compositions à la boue ou de spirales murales rythmées d’empreintes de mains. Les gestes – relayés par un inutile et surpédagogique making of – se font très plastiques avec une pointe de spiritualisme à peine contrarié par deux réminiscences plus sèches et conceptuelles. « Mon travail, rappelle Long, porte sur de vraies pierres, un vrai temps, de vraies actions. Il utilise le monde tel qu’il le trouve. »
« Richard Long », Mamac, promenade des Arts, Nice (06), tél. 04 97 13 42 01, www.mamac-nice.org, jusqu’au 16 novembre 2008.
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Sur la route avec Richard Long
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°606 du 1 octobre 2008, avec le titre suivant : Sur la route avec Richard Long