Sur l’ île aux pirates

Christophe Colomb et Coligny sur la liste des corsaires ! Au même titre que Francis Drake et Walter Raleigh ! C’est l’envers de l’histoire, pages souvent occultées sur lesquelles se penche l’exposition de Daoulas. Coligny, voulant créer en Floride une colonie de Huguenots, se heurte aux Espagnols. Après des massacres atroces, il fait appel à des corsaires qui, munis de « lettres de course », prêtent main forte à ses partisans. Côté anglais, on veut vaincre l’Espagne et sa flotte. Avec les « chiens de mer », Elisabeth Ière s’appuie sur les pires forbans, sous les ordres de John Hawkins et Francis Drake pour anéantir l’Invincible Armada. Sûrs de leur puissance ensuite, tous les insoumis, les « flibustiers », regroupés aux Antilles, s’organisent en une société qui par certains aspects (solidarité, démocratie) est en avance sur ce temps. Un décor de rêve pour un voyage en enfer. De quoi fantasmer pour les générations futures, pour ceux qui comme Defoe aboutiront à l’utopie de Libertalia. Tous les aspects de cette fresque sont exposés. Des objets d’époque, cartes, armes, instruments de navigation, de chirurgie pour les amputations, des maquettes de navires qui voisinent avec des gravures, des portraits (L’Homme au luth attribué à Rubens), des scènes de la vie des pirates par Howard Pyle ou son élève N. C. Wyeth, père d’Andrew Wyeth. Héros d’innombrables livres d’aventures et de films, ces pirates n’en finissent pas de hanter les rêves. Tous, petits et grands trouveront à Daoulas de quoi nourrir leur imaginaire.