Stephen Felton sort du cadre habituel de ses tableaux et présente ses premières sculptures à la galerie Valentin.
À la galerie Valentin, à Paris, l’Américain Stephen Felton sort du cadre habituel de ses tableaux et propose pour la première fois des sculptures qui empruntent aux mêmes modes de pensée et de conception.
Le travail sculptural que vous exposez ici est-il nouveau ? Comment s’est-il imposé dans votre pratique ?
Oui c’est complètement nouveau, juste une idée qui est venue comme ça. C’est une manière qui me permet d’orienter la peinture à laquelle je pense tout le temps. Je suis toujours à la recherche d’idées que je puisse amener dans mes œuvres, car on a parfois besoin d’aller un peu loin du travail afin d’évoluer. Finalement, quand je pensais à ces pièces, je voulais qu’elles me conduisent ailleurs et je suis assez heureux avec cette idée nouvelle et finalement amusante. Je suis un travailleur, j’aime continuer à travailler sans cesse, il s’agit donc là d’une continuation. Ce n’est vraiment pas loin d’un tableau, mais pour moi c’est un grand pas.
En effet, objectivement ce n’est pas un tableau, mais les deux pièces de bois sur les côtés et la corde à laquelle sont suspendus des découpages en carton définissent toujours un cadre. Pensez-vous en ces termes ?
Lorsque j’ai commencé à penser à ces œuvres, je les voulais comme des peintures dans un espace réel, comme librement accrochées, et qu’à la fin l’on puisse tourner autour et ressentir comme une présence physique. La peinture a une énorme présence physique, mais une présence différente je crois. Les images accrochées à la corde font partie de mon vocabulaire standard et je pense qu’il s’agit juste d’une nouvelle manière de les voir. Je n’ai pas pensé à travailler sur une imagerie nouvelle, car ce processus est déjà tellement nouveau en soi. C’est presque comme revenir en arrière afin d’avancer, j’ai donc travaillé sur des choses anciennes et créé une nouvelle manière de les regarder.
Cette évolution de votre travail est-elle une manière de sortir du cadre et de traduire votre peinture en volume ?
C’est une très jolie manière de le dire, cela a beaucoup à voir avec cela en effet. Je pense que c’est une expérience différente. Au final les formes les plus simples me surprennent aussi moi-même, car elles changent un peu, et le travail est plus physique également.
Les images suspendues sont découpées dans du carton. Pourquoi ce matériau ?
J’ai pensé utiliser du bois et quelques autres matériaux, mais finalement couper du carton et peindre sont des activités assez similaires, qui peuvent se faire très vite et en utilisant ses mains. Si j’avais utilisé un matériau plus imposant, j’aurais dû passer plus de temps à créer ces images et les œuvres auraient perdu de leur spontanéité. Cela aurait été terrible.
Ces pièces en carton sont peintes très rapidement et sans recherche de perfection, avec des gestes libres, ce que l’on retrouve dans votre peinture. Que vous apporte ce mode de travail très spontané ?
Pour moi quelque chose de vraiment fini n’est pas si intéressant. Là c’est plus physique et vivant. Je m’intéresse plutôt à l’exploration, car si je crée quelque chose de totalement parfait, je prends ma retraite ! Je veux sentir que je suis toujours en train de travailler dessus, me sentir dedans, m’asseoir et regarder à quoi ça ressemble. C’est ce que je fais et à la fin j’espère l’aimer, sans le trouver « joli », car je n’aime pas les choses trop jolies non plus. Je suis plus attiré par un produit physique qui engage mes mains.
Ce vocabulaire, parfois répétitif, est-il plutôt ancré dans le réel ou vient-il de votre imagination ?
Ce qui pour moi est intéressant dans la peinture, c’est la possibilité d’être plus ouvert, de laisser possible une interprétation, j’aime pousser. Ces formes sont des sortes de fiction qui surgissent souvent dans mon esprit, cela pourrait être n’importe quoi, ce sont juste des images que j’aime beaucoup et vers lesquelles je reviens. Et le fait qu’elles puissent parfois être répétées tient dans le fait qu’elles ont besoin de plus de temps pour apparaître dans un tableau ou une sculpture. À la fin de la journée, lorsque je pense à des peintures, elles sont dans ma tête et se déplacent. Et même si j’avance vers de nouveaux territoires ces choses y trouvent un passage. Je crois qu’elles font partie de ma propre histoire, pourquoi je ne sais pas, mais c’est ainsi.
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Stephen Felton : « Je m’intéresse plutôt à l’exploration »
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Abonnez-vous dès 1 €STEPHEN FELTON. RIVERSIDE
Jusqu’au 25 juin, Galerie Valentin, 9, rue Saint-Gilles, 75003 Paris, tél. 01 48 87 42 55
www.galeriechezvalentin.com
tlj sauf dimanche-lundi 11h-13h et 14h-19h.
Légende Photo :
Stephen Felton, Portrait,
©Sylvie Chan Liat
Exhibition view , Riverside
Valentin gallery,Paris, France, 2016.
© Sylvie Chan-Liat / Courtesy of the artist and Valentin, Paris
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°458 du 27 mai 2016, avec le titre suivant : Stephen Felton : « Je m’intéresse plutôt à l’exploration »