Comment le célèbre groom a-t-il réussi à traverser les âges ? C’est l’aventure racontée par la Cité de la bande dessinée à Angoulème.
ANGOULÈME - Tout commence en 1938 lorsque l’éditeur Jean Dupuis décide de créer un hebdomadaire pour les petits Belges. Il commande alors une mascotte au dessinateur parisien Robert Velter dit « Rob-Vel », selon un cahier des charges fourni. Le héros sera droit, loyal et courageux mais non dénué d’humour : Spirou est né, c’est le début d’une saga éditoriale et d’une aventure graphique qui fêtent aujourd’hui leurs 75 ans. Ce héros immortel a pour trait peu commun d’avoir été conçu pour servir les intérêts d’un titre de presse, mais surtout d’appartenir à un éditeur et non pas à son créateur, dès lors que Rob-Vel cède ses droits à Dupuis en 1942. Cette caractéristique, partagée avec les comics américains, a pour corollaire la kyrielle de scénaristes et dessinateurs (pas moins d’une petite trentaine !) qui ont pris leur plume pour conter les aventures du rouquin à la mèche folle, lui assurant une longévité exceptionnelle dans le paysage de la BD. C’est le cœur de l’exposition proposée à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image à Angoulême, sous la houlette de Jean-Pierre Mercier, conseiller scientifique. Sur 400 mètres carrés sont présentés planches originales, imprimés, affiches, objets dérivés… Y figurent des trésors, formidables témoignages de leur époque, telles les superbes planches de Franquin, l’amusant code d’honneur du « Club des amis de Spirou » ou encore l’émouvante marionnette du groom utilisée pendant la guerre lors de l’interdiction du journal.
L’univers du groom
Dans une scénographie parfois un peu gadget mais qui a le mérite de rallier petits et grands, plusieurs sections dépeignent l’univers du groom, évoluant avec son époque. Après une intéressante introduction sur la création du journal et du personnage, vient la partie consacrée à la myriade de créateurs qui ont participé aux 53 albums, aux 4 hors-série et 6 séries spéciales. À travers une demi-douzaine d’originaux sont ainsi exposés, parmi d’autres : Jijé, Franquin, Tome et Janry, Émile Bravo ou Lewis Trondheim. Si chacun a apporté sa patte, tous ont en commun de mêler humour et aventure et font partie, de près ou de loin, de l’école de Marcinelle, animée dans les années 1940-1950 par Jijé et surtout Franquin (1924-1997), qui assure un rayonnement mondial au personnage grâce à cette esthétique. Spirou, avant tout une aventure graphique, est porté à la perfection par le trait du dessinateur bruxellois, aussi à l’aise pour représenter le dynamisme des personnages que les décors illustrant le design de l’époque ou encore des machines à la ligne irréprochable. On regrette d’ailleurs que chaque créateur se voie attribuer le même espace, alors que certains mériteraient plus et d’autres bien moins. Les sections suivantes consacrées aux personnages gravitant autour de Spirou (Fantasio, Spip, le comte de Champignac…) et, plus curieux, à l’univers de la rédaction du journal lui-même, achèvent de nous plonger dans un monde délicieusement régressif.
Jusqu’au 6 octobre, Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, Musée de la bande dessinée, quai de la Charente, 16000 Angoulême, tél. 05 45 38 65 65, www.citebd.org, du mardi au vendredi 10h-18h, samedi-dimanche 14h-18h.
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Spirou, plus jeune que jamais
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°397 du 20 septembre 2013, avec le titre suivant : Spirou, plus jeune que jamais