L’Orangerie de Mme Élisabeth à Versailles reçoit une quarantaine d’aquarelles de Bagetti illustrant les campagnes d’Italie de Bonaparte.
VERSAILLES - Dessinateur de vues et de paysages pour le roi de Sardaigne, Giuseppe Pietro Bagetti (1764-1831) rejoint l’armée française en 1800, après la chute de la maison de Savoie. Pendant quinze ans, il y exerce la double profession de topographe et de peintre officiel de la Grande Armée et réalise à la demande de Napoléon Bonaparte une centaine d’aquarelles rehaussées de gouache illustrant les épisodes les plus marquants des campagnes d’Italie. Sous la direction du peintre Joseph François Marie de Martinel, il visite les différents champs de bataille des campagnes de 1796, 1797 et 1800, exécute de nombreuses études topographiques de chacun des sites et analyse les rapports militaires avant de recomposer en atelier des aquarelles colorées aussi fidèles que possible au déroulement des événements. La grande minutie que l’artiste accorde aux détails est d’ailleurs appréciable au long du parcours de l’exposition de Versailles grâce aux loupes disposées à proximité des œuvres, instruments permettant de relever la précision des costumes, voire de reconnaître certaines figures. Chaque aquarelle est la transcription fidèle d’un épisode militaire nommé et daté, mais le peintre agit également en dramaturge, n’hésitant pas à accentuer les reliefs pour intensifier la narration d’une scène. Les représentations que Bagetti donne des éléments laissent deviner, sous la rigueur du topographe, une sensibilité de paysagiste romantique dont témoignent le ciel et les sombres reliefs de l’Attaque de Redoute de Monte-Legino, 10 avril 1796, ou les effets atmosphériques et lumineux de la Première vue de Mondovi et de la position de Brichetto, 21 avril 1796. Très appréciées de Napoléon, les aquarelles d’Italie de Bagetti avaient été réunies par l’Empereur en 1807 dans la galerie François Ier du château de Fontainebleau. En 1834, Louis-Philippe les a fait installer à Versailles, dans les galeries historiques d’un musée qu’il voulait dédié à toutes les gloires de la France. Leur présentation dans les cadres noir et or qui les cerclent toujours date de cette époque, et pendant longtemps leur accrochage n’a pas évolué, condamnant certaines scènes à l’insolation.
Conçue par Xavier Salmon, conservateur du cabinet des arts graphiques au château de Versailles, l’exposition permet de découvrir une partie de ces collections nationales d’ordinaire inaccessibles au public. Les quarante pièces sélectionnées retracent la première campagne d’Italie. Si un texte introductif clair et didactique accueille le visiteur, ce dernier est malheureusement, durant le reste du parcours, livré à sa culture personnelle en matière d’histoire militaire, les œuvres n’ayant pour toute explication que leur titre.
Jusqu’au 22 février, Orangerie du domaine de Mme Elisabeth, 26 rue Champ-Lagarde, 78000 Versailles, tél. 01 30 83 14 67, tlj sauf jours fériés 13h-18h. Catalogue, coédition Conseil général des Yvelines/FMR, 120 p., 22 euros.
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Souvenirs d’Italie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°184 du 9 janvier 2004, avec le titre suivant : Souvenirs d’Italie