Mac/Val, Vitry-sur-Seine (94)

Simon Starling

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 28 octobre 2009 - 343 mots

Un titre elliptique, des habitudes de visite contrariées – il faut passer par les collections du Mac/Val pour intercepter un parcours aéré de neuf œuvres sèches et dépouillées –, l’exposition s’aborde dans l’effort.

Elle s’impose pourtant comme la bonne nouvelle de la rentrée, par la belle intelligence de ses articulations et la fermeté des réflexions engagées par Simon Starling. Il faut oser entrer dans la logique pugnace de cet artiste de quarante-deux ans, lauréat du prix Turner en 2005 et figure de proue de la scène britannique, pour mieux se faire happer. Ce qui le fascine : les aller-retour entre la matière et sa mémoire. Qu’il s’agisse du premier ordinateur inventé dans les années 1930, d’une chaise design, d’un mur de pierres dont certaines sont des fac-similés, d’une Fiat 500 épinglée au mur tel un spécimen d’entomologie, l’artiste se passionne pour tous les modes de reproduction : photographie, scan, réédition et copie, le tout servi par une attention particulière portée aux structures narratives.
Un petit exemple pour comprendre comment se construit l’équation : soit un cliché acheté par l’artiste, une photographie originale du sculpteur anglais Henry Moore, représentant une de ses propres œuvres (première tautologie). Starling prélève alors un fragment du tirage au gélatino-bromure d’argent dont il isole une particule du métal semi-précieux. Laquelle, agrandie 300 000 fois, génère la forme d’une sculpture moulée dans le même bronze qu’employait Moore. La boucle est bouclée. Et de comprendre ainsi combien les notions régissant sources, références, document, valeur de l’original et du retirage photographique, forment un délectable champ d’investigation qu’il lui est non moins délectable de traduire en mécanismes physiques.
Entre poupées russes et chaînes incongrues de transformation, Starling machine des œuvres hétérogènes mais redoutablement cohérentes au fil d’une promenade qui s’affirme bien plus ronde qu’aride.

« Thereherethenthere, œuvres de 1997 à 2009 », Mac/Val, musée d’Art contemporain du Val-de-Marne, place de la Libération, Vitry-sur-Seine (94), tél. 01 43 91 64 20, www.macval.f, jusqu’au 27 décembre 2009.
« La Source », Parc Saint-Léger, centre d’art contemporain, avenue Conti, Pougues-les-Eaux (58), www.parcsaintleger.fr, jusqu’au 20 décembre 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°618 du 1 novembre 2009, avec le titre suivant : Simon Starling

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