Shunk et Kender, témoins de l’avant-garde contemporaine

Pourtant, entre 1957 et 1973, ce duo de photographes a documenté le travail de près de trois cents artistes de l’avant-garde en France, aux États-Unis et dans d’autres pays, aussi bien dans leur atelier que dans leur intimité. Vernissages, soirées, expositions forment d’autres cadres amplement abordés et publiés à leur époque. Le saut dans le vide d’Yves Klein est le photomontage le plus connu de ces auteurs, comme les performances de Yayoi Kusama. Le reste, on ne l’imaginait pas jusqu’à cette première monographie que leur consacre le cabinet de la photographie du Centre Pompidou à partir des dix mille quatre cents photographies données à la Bibliothèque Kandinsky par la Fondation Roy Lichtenstein, sauveteur de la dispersion de ces archives après la mort à New York de Shunk. La teneur documentaire et artistique de ce premier corpus de près de quatre cents images est exceptionnelle. Le nombre de personnalités que Shunk et Kender ont suivies individuellement et la profondeur de leur vision n’ont pas d’équivalent. C’est d’ailleurs un exploit des commissaires de synthétiser dans 200 m2 ces chroniques des années 1960-1970, pleines de vitalité, de subversion et d’espièglerie. Se découvrent ainsi le quotidien du jeune Rauschenberg dans son atelier new-yorkais, une soirée chez Fautrier, le premier tir de Niki de Saint Phalle, une représentation de Merce Cunningham, l’empaquetement d’une partie la côte australienne par Christo et Jeanne-Claude et les vernissages à la Galerie Iris Clert à Paris, où Shunk et Kender rencontreront Yves Klein et Arman. La programmation d’Ileana Sonnabend voit le duo se lier aussi d’amitié avec Warhol, qu’ils suivront dans sa chambre d’hôtel. Sans aucune prescription !