La plupart des tableaux présentés dans l’exposition « De Moscou à Paris », réalisés à partir de 1948, portent le titre : Composition abstraite. Serge Poliakoff, considéré comme un des représentants de la peinture non figurative des années 1950 à Paris, fait à quarante ans le choix de l’abstraction, encouragé par son compatriote Kandinsky (1866-1944).
L’exposition de Cognac présente également une facette moins connue du parcours du maître : une trentaine d’œuvres figuratives datées de 1931 à 1940. Le Nu de 1931, La Tzigane à la guitare de 1934 ou La Danse russe au caftan bleu de 1938 permettent d’appréhender les développements d’une quête toujours remise en question. L’académisme des débuts laisse la place à des gouaches où l’influence du fauvisme et de l’expressionnisme est perceptible.
Né à Moscou en 1900 dans une famille très aisée, son enfance se partage entre sa ville natale, des séjours à Saint-Pétersbourg chez sa sœur la princesse Galitzine et les vacances dans le Caucase. L’enfant accompagne souvent sa mère dans les églises et les monastères. Il n’oubliera jamais son émerveillement durant ses déambulations d’icône en icône faiblement éclairées par les cierges.
On comparera plus tard l’espace pictural de Poliakoff à celui de la tradition byzantine. Attiré par la musique, il joue parfaitement de la guitare à l’âge de douze ans. La révolution de 1917 bouleverse son existence privilégiée. Poliakoff décide de quitter la Russie en 1920. Après bien des péripéties, il s’installe à Paris en 1923. La guitare lui sert de gagne-pain. Il attendra 1952 pour abandonner la musique et vivre de sa peinture.
Jusqu’à sa mort, en 1969, il peint des toiles simples au premier regard : des surfaces géométriques irrégulières s’imbriquent dans des relations chromatiques toujours renouvelées. Pourtant le regard doit s’y reprendre à plusieurs fois pour percevoir la toile dans sa véritable présence. Une peinture de Poliakoff ne se donne pas d’emblée.
« Serge Poliakoff, De Moscou à Paris », Espace Hennessy, quai Richard-Hennesssy, Cognac (16), jusqu’au 31 octobre.
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Serge Poliakoff
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°584 du 1 octobre 2006, avec le titre suivant : Serge Poliakoff